L’inégalité d’accès aux soins est aujourd’hui préoccupante et cela risque de s’aggraver. C’est le message porté par la Coordination nationale de défense des hôpitaux et maternités de proximité réunie le weekend dernier à Lure en Bourgogne (Franche-Comté). Selon ce regroupement d’associations, les territoires souffrent de la désertification sanitaire et des économies budgétaires.
Des médecins qui peinent à se faire remplacer
D’après les chiffres de la Coordination, 20 à 30 % des postes en hôpital sont vacants et 30 % des médecins généralistes de plus de 60 ans ne trouvent pas de remplaçant. Environ un tiers des Français renonce aux soins à cause de l’éloignement des services de santé. Ces professionnels estiment qu’il faut remettre en cause la liberté d’installation des médecins. A l’image des kinés, pharmaciens et infirmiers dont l’installation est régulée, il faudrait proposer un "service sanitaire" aux jeunes médecins. C’est-à-dire qu’ils s’engageraient à exercer pendant quelques années dans les territoires en pleine désertification médicale.
Des politiques publiques mal orientées
Les membres de la coordination dénoncent les effets pervers des politiques de santé. Les regroupements hospitaliers, les fermetures de services d’urgences, de maternités, de blocs opératoires, la concentration des structures et services détruisent le "maillage territorial". Le dernier avis émis par le Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance-maladie (HCAAM), publié le 5 juin, n’a pas rassuré la coordination. Le HCAAM recommande la mise en place d’hôpitaux communautaires, avec des activités de médecine polyvalente réunissant médecins généralistes et spécialistes.
Pour des soins plus poussés, les patients devront se rendre dans des structures spécialisées comme les CHU par exemple. La coordination nationale de défense des hôpitaux et maternité de proximité craint que ces hôpitaux de proximité ne deviennent des coquilles vides et rappelle qu’un hôpital de proximité répond à une définition claire : une maternité, un bloc opératoire, un service d’urgence avec service mobile de réanimation (SMUR).
Une situation de crise
Depuis plusieurs mois, la situation des hôpitaux préoccupe et les mobilisations sont nombreuses à travers la France. A l’Hôpital psychiatrique du Rouvray en Seine-Maritime, huit salariés ont mené pendant 18 jours une grève de la faim pour réclamer de meilleurs moyens. La direction a annoncé la création de trente postes d’unités spéciales pour les adolescents et les détenus. Mais une fin de mobilisation débouche sur une autre. A Vierzon dans le Cher, l’intersyndicale de l’hôpital a déposé hier un préavis de grève illimitée. La coordination nationale de défense des hôpitaux et maternité de proximité organise un rassemblement le 16 juin à Paris.