Baptiste, 5 ans, scolarisé en moyenne section de maternelle à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) est décédé dans la nuit de lundi à mardi d'une méningite foudroyante, une grave infection des fines membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière, se transmettant lors de contacts directs et répétés. En plus d'une aide psychologique, les élèves de sa classe bénéficient donc d'un traitement préventif.
L'école n'a cependant pas été fermée. L’Agence régionale de santé (ARS) indique dans un communiqué que "tous les parents des enfants concernés par le traitement préventif par antibiotiques vont être informés" et "qu’aucune désinfection, ni fermeture des locaux n’ont été nécessaires car la bactérie méningocoque ne résiste pas à l’air ambiant". En effet, ce germe ne survit pas en dehors du corps de l’Homme. Le médecin et les psychologues de la direction diocésaine de l’enseignement catholique sont sur place, dans l’école, pour soutenir et écouter les élèves ou les enseignants qui auraient besoin de parler. La fête de l'école prévue samedi a été annulée.
Dernièrement, de nombreux cas de méningite foudroyante ont été recensés : une jeune femme de 20 ans en est décédée dans la nuit du 14 au 15 mai, à Montpellier. Une autre de 16 ans est également morte le 29 mars dernier d’une méningite alors qu’elle se trouvait à son domicile à Hauterives, dans la Drôme. A Calais, une petite fille de quatre ans a été hospitalisée le 12 juin, également pour une méningite à méningocoque.
Le méningocoque, première cause de mortalité infantile
Chaque année, 500 cas et une cinquantaine de décès sont recensés en France. Selon le professeur François Caron, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Rouen, "10 % de la population est porteuse de la bactérie. Il existe une grande diversité de méningocoque présente de façon saine dans le pharynx, indispensable à sa survie." En effet, le méningocoque est retrouvé dans le nez et dans la gorge de 5 à 10 % des enfants et des jeunes adultes en bonne santé. Lorsqu’il reste dans ces localisations, le méningocoque n’est pas dangereux pour l’Homme. Dans ce cas de figure, on dit que la personne est un "porteur sain".
Mais lorsque cette bactérie migre vers d’autres organes ou est transmise à une personne vulnérable, elle peut provoquer ces fameuses infections invasives à méningocoque, qui touchent principalement le cerveau, les méninges et le sang. Dans ces cas-là, "la mortalité est lourde, les séquelles sont lourdes, explique le Pr François Caron. Le méningocoque est la première cause de mortalité infantile, adolescente et de jeunes adultes. Il se transmet de personne à personne, c’est une terreur de santé des temps modernes". A l'heure actuelle, la seule façon d'éviter les épidémies, est de se faire vacciner.
Les signes qui doivent alerter
Rappelons que lors des premières 24 heures, une infection à méningocoque se traduit généralement par des maux de tête, des vomissements et une raideur de la nuque. Elle peut aussi donner lieu à des septicémies, des arthrites ou encore des péritonites.
Les médecins n’y pensent pas encore forcément tout de suite, mais 10% des patients infectés par la souche W de méningocoque présentent également des douleurs abdominales, selon une toute nouvelle étude de l'Institut Pasteur et du service de pédiatrie de l'Hôpital Bicêtre AP-HP publiée dans Clinical Infectious Diseases.
"Face à ces maux de ventre, le médecin ne va pas penser en premier lieu à une infection invasive à méningocoques. On pense plutôt à une gastro-entérite, voire une appendicite", explique Muhamed-Kheir Taha, principal auteur de l'étude et responsable du Centre national de référence des méningocoques (CNRM) à l'Institut Pasteur. "Or si on tarde dans la détection et la prise en charge appropriée des personnes touchées par la maladie, leur pronostic vital peut être engagé. L'infection invasive à méningocoques est une maladie mortelle dans quasiment 100% des cas si l'on n'administre pas rapidement des antibiotiques", insiste-t-il.