Après la dengue, le zika et le chikungunya, voici le virus Usutu. Transmis par la piqûre d'un moustique Culex, ce nouveau virus qui attaque le système nerveux vient d'être découvert par les chercheurs de l'Inserm de Montpellier. Virus d'origine africaine (Sénégal, Nigeria, Ouganda, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Maroc...), l'Usutu touche principalement les espèces d'oiseaux migrateurs, comme les merles noirs, les mésanges, les moineaux, les rouges-gorges et quelques rapaces, dont la chouette et le hibou. En Europe, le merle noir semble en être la principale victime.
Un virus essentiellement animal
Le cycle de développement du virus Usutu reste encore méconnu pour la communauté scientifique, mais il semblerait que ces oiseaux soient le réservoir du virus. Formellement identifié pour la première fois en Afrique du Sud en 1959, dans le Swaziland près de la rivière Usutu (d'où son nom), il circulerait en Occitanie depuis 2015.
On suppose qu'il est à l'origine de plusieurs foyers infectieux provoquant d'importants pics de mortalité chez les oiseaux, comme en 2004 en Autriche. Etonnamment, le nombre d'oiseaux malades ou positifs au virus a souvent chuté spontanément après une épidémie, suggérant qu'une immunité collective se développe rapidement chez les volatiles survivants. Aucune étude scientifique n'appuie cependant cette hypothèse. Depuis 1996, plusieurs phénomènes de mortalité massive d'oiseaux ont été attribués à l'Usutu dans les provinces italiennes de Florence et Pistoia, ainsi qu'en Hongrie, Suisse, Espagne ou encore, Allemagne.
Un premier cas humain
Le premier cas d'infection humaine en France a été repéré à Montpellier. Un homme de 39 ans aurait en effet été infecté en France après qu'un moustique de type Culex ait piqué des oiseaux migrateurs venus d’Afrique. "Il est arrivé avec une paralysie faciale, explique à France 3 Olivier Sillam, le soignant du patient. Son côté droit du visage ne pouvait plus bouger. Il avait des fourmis dans tous le corps, du côté droit principalement et des petits déficits moteurs. Un tableau assez atypique pour une paralysie faciale classique". Un tropisme neurologique donc pour l'infection liée à ce virus. Plusieurs cas humains ont été recensés en Europe : 10 en Italie et trois en Croatie. Point positif : le virus ne se transmet pas d'Homme à Homme.
Le moustique Culex et les autres
Le moustique Culex est l'insecte le plus prédominant en France. Aussi surnommé "moustique domestique", il peut transmettre des maladies graves comme la Fièvre du Nil Occidental ou l'Encéphalite Japonaise, ainsi que le virus Usutu, à la différence du moustique anophèle, vecteur du paludisme ou du moustique Aedes (dont le moustique tigre) qui est lui le vecteur, de la dengue, Chikungunya et du virus Zika. Le moustique Culex ne ressemble pas au moustique tigre : il mesure entre 5 et 7 mm de long et ses ailes dépassent légèrement de l'abdomen, lequel est brun et annelé. Le corps de la femelle peut se déformer lorsqu'elle se gorge de sang. C'est d'ailleurs elle qui pique l'Homme.
Tout comme le moustique tigre, le Culex apprécie les eaux plutôt chaudes et stagnantes et/ou les mares ou fossés intraforestiers ombreux et il est capable de piquer en pleine journée (à la différence de l'anophèle qui ne pique que la nuit). Il faut donc se protéger en théorie 24 heures sur 24, d'où l'intérêt d'éliminer les gîtes larvaires de votre habitat, c'est-à-dire la moindre source d’eau stagnante, comme les fonds de gouttières ou encore les soucoupes de pot de fleurs. C'est en effet dans ces petits coins tranquilles que les femelles pondent leurs œufs.
Notre époque est en pleine transition, notamment à cause des voyages ou du réchauffement climatique. Il n'est donc pas surprenant de voir émerger nombre de nouvelles maladies en France ("maladies émergentes") qui autrefois ne concernaient que les pays lointains.