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Diagnostic précoce

Cancer de la prostate : bientôt un test salivaire pour repérer les patients à risque ?

Par Raphaëlle de Tappie

Pour la première fois, des chercheurs ont réussi à identifier des variations de l'ADN responsables du cancer de la prostate. Forts de ces résultats, ils veulent désormais mettre au point un test salivaire afin de repérer les patients à haut risque. 

BackyardProduction/iStock

Et si l’on pouvait connaître les risques de développer un cancer de la prostate bien avant que celui-ci ne soit diagnostiqué ? Pour la première fois, des chercheurs ont réussi à identifier 63 variations génétiques de l’ADN susceptibles d’augmenter cette maladie. Selon l'étude parue lundi 11 juin dans le journal Nature Genetics, ils travaillent désormais à mettre au point un test salivaire pour repérer les patients à haut risque. 

Pour commencer, une équipe internationale de l’Institut de Recherche sur le Cancer (ICR) de Londres a créé un test ADN capable de déterminer des variantes génétiques jusque là très difficiles à étudier et s’en est servi pour comparer les codes génétiques d’environ 140 000 hommes. Parmi eux, près de 80 000 souffraient d’un cancer de la prostate. Les chercheurs ont alors pu remarquer 63 variations de l’ADN augmentant le risque de cancer de la prostate. Ils ont par ailleurs identifié 1% d’hommes à très hauts risques chez les participants. Ceux-ci avaient hérité de beaucoup de facteurs responsables du cancer de la prostate et avaient six fois plus de chances d’en développer un que la moyenne, la probabilité passant ainsi d’un sur onze à un sur deux.

Autre découverte et pas des moindres : beaucoup de ces variations génétiques se trouvent dans des zones impliquées dans la communication entre les cellules du système immunitaire et d’autres cellules dans le corps. Ainsi, des erreurs génétiques dans les voies immunitaires pourraient avoir un impact sur les risques de cancer de la prostate. Cette trouvaille pourrait avoir des conséquences sur les potentiels futurs traitements immunothérapeutiques, se félicitent les scientifiques.  

Prochaine étape : le test salivaire ?

Forts de ces résultats, les auteurs de l’étude veulent désormais faire un test ADN sur des échantillons de salive afin de déterminer si un traitement préventif pourrait aider à réduire les cas de cancer de la prostate chez les patients les plus à risques. "Si grâce à l’ADN nous pouvons déterminer à quel point un homme a de risque de développer un cancer de la prostate, la prochaine étape serait désormais de voir si nous pouvons nous en servir pour empêcher la maladie. Nous espérons maintenant mener une petite étude pour déterminer si un simple crachat pourrait aider à repérer les personnes à haut risque afin de les diagnostiquer précocement, voire même de réduire les risques", détaille Ros Eeles, Professeur en Oncogénétique à IRC de Londres, dans un communiqué

"Nous avons assisté à de grands progrès ces dernières années dans la compréhension de l’hérédité du cancer de la prostate et cette nouvelle étude est un nouveau pas en avant qui nous en dit plus sur pourquoi certains hommes développent cette maladie et d’autres non", explique quant à lui le Professeur Paul Workman, directeur du ICR.  

Le cancer de la prostate est aujourd’hui le plus courant chez les hommes, nettement devant celui du poumon et du côlon-rectum. En France, dans 66% des cas, il survient chez des hommes âgés de 65 ans et plus. Il représente près de 26% de l’ensemble des cancers incidents masculins et se situe au troisième rang des décès par cancers chez les patients mâles. Mais fort heureusement, la mortalité diminue régulièrement depuis une trentaine d’années, en grande partie grâce à l’amélioration des traitements et l’accès au dépistage qui permet de diagnostiquer le cancer de la prostate à un stade précoce.