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Asthme : des pneumologues inquiets du pictogramme «Danger femmes enceintes» sur certains médicaments

Dans un communiqué paru début juin, la Société de Pneumologie de Langue Française a alerté sur les risques liés à l'apposition récente d’un pictogramme "Danger femmes enceintes" sur les boîtes de nombreux traitements anti-asthmatiques. 

Asthme : des pneumologues inquiets du pictogramme \ Capture d'écran




"Cette démarche va totalement à l’encontre de la stratégie préconisée dans le traitement de la maladie et semble injustifiée, voire dangereuse compte tenu des données scientifiques disponibles sur le sujet". Les pneumologues sont inquiets et ils le font savoir. Début juin, la Société de Pneumologie de Langue Française a publié un communiqué à l’intention de l’Agence Nationale de Sécurité du médicament (ANSM) et des pharmaciens pour exprimer son mécontentement suite à l’apposition récente d’un pictogramme "Danger femmes enceintes" sur les boîtes de nombreux traitements anti-asthmatiques. Car ce dernier pourrait en effet conduire de nombreuses malades à arrêter brutalement leur traitement au cours de leur grossesse.  

"Suite à un décret du 17/10/2017, les laboratoires pharmaceutiques sont désormais fortement incités à apposer un pictogramme spécifique sur le conditionnement extérieur des médicaments "tératogènes" ou "foetotoxiques"", amorce le communiqué, expliquant qu’il s’agit de vouloir sensibiliser "les femmes enceintes sur de potentiels dangers d’utilisation de ces médicaments prescrits dans le cadre du traitement de l’asthme". "Bien que consciente de l’enjeu de prévention des risques liés à l’utilisation de médicaments pendant la grossesse, l’ensemble de la communauté médicale pneumologique s’inquiète des méfaits voire des dangers potentiels induits par l’apposition  de pictogrammes "XXX+ grossesse = danger" sur les boites de médicaments prescrits dans le cadre du traitement de la femme asthmatique", expliquent les spécialistes.

D’autant plus que cette supposition de "dangers potentiels" provient d’études animales "avec utilisation des médicaments à forte dose et par voie systémique", rappellent-ils, trouvant donc inapproprié d’extrapoler ces données à l’homme "chez qui les traitements sont utilisés à des doses bien inférieures et par voie inhalée". "Aucune étude épidémiologique humaine n’a retrouvé de tels effets", notent-ils.

Les femmes enceintes asthmatiques plus exposées aux complications obstétricales 

L’asthme se caractérise par une inflammation plus ou moins importante des voies respiratoires. Cette dernière se traduit par une difficulté à respirer, un essoufflement, une respiration sifflante ou une sensation d’oppression dans la poitrine. La maladie touche 3 à 8% des femmes enceintes. Et malheureusement, ces dernières sont plus exposées aux complications obstétricales pour elles-mêmes (diabète gestationnel, césarienne, hémorragie per-partum…) et pour le fœtus (prématurité, retard de croissance …), rappelle la Société de Pneumologie de Langue Française qui invite donc les femmes inquiètes à vérifier sur le site du CRAT  (Centre de Référence sur les Agents Tératogènes) l’inoccuité de leur médicament, et, en cas de doute, à consulter leur médecin au lieu d’arrêter leur traitement brutalement à cause du pictogramme.

En attendant que l’ANSM ne se décide à le retirer des médicaments concernés, les spécialistes incitent par ailleurs les soignants à expliquer à leurs patientes que "la balance bénéfice risque est très en faveur de la poursuite de ces médicaments" et que "leur interruption expose à des risques pour la grossesse et le fœtus". "En revanche, les traitements de l’asthme, notamment les corticoïdes inhalés et les béta2mimétiques de longue durée d’action, qui ont été largement utilisés au cours de milliers de grossesses ne sont pas associés à un risque de complication de la grossesse, ni à un risque pour le fœtus. En particulier, ils n’augmentent pas le risque de malformations congénitales", concluent les pneumologues.

Ce pictogramme "Danger femmes enceintes" ne concerne pas que les médicaments pour l’asthme mais de nombreux traitements. En février, l’Académie de médecine avait déjà alerté sur les possibles risques liés à ce nouveau décret. "L’Académie nationale de médecine considère que la mise en œuvre de cette mesure qui résulte de la juste nécessité de mieux alerter prescripteurs et patientes sur les médicaments dangereux en cours de grossesse, nécessite plus ample réflexion", avait-elle expliqué, également dans un communiqué.  

Voir ci-dessous la vidéo du Dr Elisabeth Elefant, chef du Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT).

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