Plus de la moitié des Français (54%) sont favorables à une hausse du prix des boissons alcoolisées, selon un sondage Opinion Way réalisé pour la Ligue contre le cancer. Sept sur dix sont également pour interdire leur publicité, y compris sur Internet et 81% de notre population souhaiterait que les risques liés à la consommation d'alcool soient spécifiés sur les étiquettes des boissons. Ces chiffres (encourageants) témoignent d'une prise de conscience générale concernant les ravages de l'alcool et appuient les recommandations de la communauté scientifique française.
En avril dernier, plusieurs médecins et addictologues, parmi lesquels des spécialistes de santé publique, ont interpellé Emmanuel Macron avec une série de 10 mesures parmi lesquelles, la mise en place d'un prix plancher sur l'alcool. Selon eux, le gouvernement devrait "taxer l'alcool proportionnellement au contenu en grammes d'alcool et définir un prix minimum de vente par unité d'alcool", pour réduire la consommation excessive. Les médecins réclamaient également que soient indiqués "les contenants la quantité en grammes d'alcool et de sucre, le nombre de calories de manière claire, lisible et contrastée" sur chaque produit commercialisé. De même, ils suggèrent d'"interdire sur tout support toutes les mentions supplémentaires non légales du type 'A consommer avec modération'" et "inscrire sur les contenants et sur toute publicité pour une boisson alcoolisée la mention 'L'alcool est dangereux pour la santé' de manière claire, lisible et contrastée".
L'alcool augmente les risques de cancer du sein
Selon le sondage, 82% des Français savent que le risque de cancer augmente en consommant de l’alcool de façon quotidienne, mais 53% de la population globale (soit plus d'un Français sur deux) ignore qu'une consommation d'alcool, même modérée, peut être un facteur de risque, notamment dans le cancer du sein. 39% pensent que le cancer du foie est le risque le plus grave. Pourtant, l'alcool est à l'origine de 8 081 nouveaux cas de cancers du sein par an en France, soit plus que le cancer colorectal (6 654 cas), de la cavité buccale et du pharynx (5 675 cas), du foie (4 355 cas), de l'œsophage (1 807 cas) et du larynx (1 284 cas). Même en très petites quantités, l’éthanol contenu dans les boissons alcoolisées est en effet transformé dans l’organisme en composés favorisant le développement de la maladie.
Des données inquiétantes quand on sait que les femmes rattrapent petit à petit les hommes en termes de consommation d’alcool. Chez les personnes nées entre 1891 et 1910, "les hommes étaient 2,2 fois plus susceptibles que les femmes de consommer de l'alcool, 3 fois plus susceptibles de boire de l'alcool de façon problématique et 3,6 fois plus susceptibles d'être affectés par des effets néfastes liés à l'alcool" détaille un article publié en 2016 par la revue britannique British Medical Journal (BMJ). Des ratios qui tombent respectivement à 1,1 fois, 1,2 et 1,3 pour les populations nées entre 1991 et 2000, âgées de 18 à 27 ans aujourd'hui.
On estime en France, qu’entre 500 000 et un million de femmes sont dépendantes à l’alcool. Bien plus stigmatisées par la société que ne le sont les hommes, les femmes alcooliques passent pour des mères irresponsables, des femmes légères, sottes, fragiles. Mais l’alcoolodépendance est une maladie sérieuse, reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 1978.