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QUESTION D'ACTU

L'AFMT contre Merck

Levothyrox : découverte d'une molécule sous-dosée dans la nouvelle formule, l'AFMT demande la démission d'Agnès Buzyn

L'Association française des malades de la thyroïde (AFMT) affirme avoir commandé une analyse de la nouvelle formule du Levothyrox à un laboratoire étranger. Les résultats montrent le sous-dosage d’une molécule et la présence d’une autre, non présente dans sur la liste des composants. Ce qui expliquerait, selon l’association, les effets secondaires dont souffrent de nombreux patients.

Levothyrox : découverte d'une molécule sous-dosée dans la nouvelle formule, l'AFMT demande la démission d'Agnès Buzyn ALLILI MOURAD/SIPA




La bataille des malades de la thyroïde contre la nouvelle formule de Levothyrox se poursuit. Alors qu’elle avait déjà commandé début mai une analyse faisant état de nanoparticules de métal dans la nouvelle formule du médicament du laboratoire Merck, l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) poursuit son combat.

Dans un communiqué daté du 14 juin et relayé par FranceInfo, l’association déclare avoir commandé à un laboratoire étranger une nouvelle analyse de la formule controversée du médicament. Selon elle, les résultats mettent en lumière deux changements notoires par rapport à la précédente formule.

Réveil de cancers endormis et effets secondaires

D’abord, celle-ci contiendrait moins de lévothyroxine que les spécifications en vigueur. Selon l’AFMT, la moindre présence de cette hormone thyroïdienne de synthèse serait à l’origine des dysfonctionnements du traitement constatés chez les patients. "Des patients cancéreux se trouvent sous-dosés en hormones thyroïdiennes, nous avons observé de façon conséquente des réveils de cancers endormis depuis des années", affirme l'association.

De plus, selon l’association, l’analyse commandée par l’association montre la présence dans le médicament de dextrothyroxine alors qu'elle ne figure pas dans la liste des composants. Non-commercialisée en France, cette substance de synthèse a été interdite aux États-Unis car elle est soupçonnée d’occasionner les mêmes effets secondaires que ceux dont se plaignent actuellement les malades de la thyroïde utilisant la nouvelle formule du Levothyrox.

L’AMFT réclame la démission d’Agnès Buzyn

L’AMFT a fait savoir que les résultats de l’étude de la nouvelle formule du Levothyrox ont été transmis à une juge d’instruction du pôle santé de Marseille chargée du dossier, ouvert pour "tromperie aggravée, blessures involontaires et mise en danger d’autrui".

Interrogée par FranceInfo, Chantal L'Hoir, présidente de l'Association française des malades de la thyroïde, en appelle à la démission de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, ainsi que la reconnaissance "en urgence" de crise sanitaire "et, par principe de précaution, au retrait du Levothyrox".

"Il y avait trois millions et demi de lots vendus à l'époque, par mois. (…) On ne peut donc pas prendre de risque. Dans un pays qui se dit scientifique, ce n'est pas digne", estime-t-elle. "Le ministère de la Santé n'a qu'à faire une reconnaissance de crise sanitaire avec une urgence, pour le remboursement par exemple du TCAPS [alternative au Levothyrox du laboratoire Génévrier] qu'ils ont bloqué."

Une déclaration "infondée scientifiquement" selon Merck

De son côté, le laboratoire Merck, qui commercialise la nouvelle formule du Levothyrox, a fait savoir dans un communiqué que la déclaration de l’AMFT était "infondée scientifiquement".

"Nous démentons de façon formelle la présence de forme dextrogyre dans les comprimés de Levothyrox, qu’il s’agisse de l’ancienne ou de la nouvelle formule (…) Concernant la présence d’une forme de lévothyroxine différente dans la nouvelle formule du Levothyrox (forme Dextrogyre D-T4), nous affirmons formellement que tel n’est pas le cas. Nous rappelons que la substance active utilisée pour Levothyrox nouvelle formule est strictement identique à celle présente dans l’ancienne formule du Levothyrox (forme Levogyre dite L-T4 forme moléculaire)", poursuit le laboratoire par la voix de Valérie Leto, Pharmacien Responsable de Merck et auteure du communiqué.

L’affaire du Levotyrox a commencé en février 2017, lorsque la formule du médicament a été changée. Cette modification a consisté à remplacer le lactose, qui enrobait l'hormone thyroïdienne, la lévothyroxine, pour en faire un comprimé, par du mannitol. Cette modification avait été demandée par l’Agence de médicament (ANSM) afin de garantir la stabilité du produit dans le temps, ce qui n'était pas le cas avec l’ancienne formule.

Mais les malades ont ressenti des effets secondaires indésirables. Sur les 2,3 millions de malades traités en France, 17 000 cas d’effets secondaires ont été recensés. Au total, 5062 effets indésirables ont été classés comme graves et 14 décès ont été comptabilisés par l'ANSM, sans qu’un lien direct avec la nouvelle formule puisse être formellement établi. Selon le ministère de la Santé, 500 000 personnes auraient abandonné la nouvelle formule du médicament.

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