Ce n’est pas toujours facile pour un clinicien de savoir dès le début du traitement si un patient dépressif réagira mieux à un médicament, car dans cette maladie, l'effet clinique apparaît seulement après un délai moyen de 3 à 4 semaines. S'il faut 3 à 4 semaines pour savoir si un malade répond à un traitement, il faudra 6 à 8 semaines pour savoir s'il répond à un 2e. Un délai très important qui laisse souffrir le malade trop longtemps et qui n'est pas sans conséquences pour le pronostic : plus on attend, plus une dépression risque de devenir résistante au traitement.
D'où l'importance pour les médecins de disposer d'un biomarqueur précoce de la réponse à un traitement antidépresseur. Une nouvelle étude, publiée dans le Journal of Clinical Psychiatry, vient de démontrer que l’électroencéphalogramme peut les aider à décider rapidement si un malade va répondre au traitement : cet examen, courant et non invasif, appelé également EEG, est capable de déceler très tôt le retour d'un phénomène cérébral, "l'appréhension positive".
L’activité du cerveau lors de l’appréhension d’un événement positif
Dans le cadre d’une dépression, l’activité du cerveau lors de l’appréhension d’un événement positif diminue. C’est ce qu’on appelle familièrement "voir tout en noir". A contrario, plus les symptômes dépressifs disparaissent, plus l’activité du cerveau associée à un événement positif augmente de nouveau. L’électroencéphalogramme est capable de mesurer ce niveau d’activité.
Partant de ces postulats, les chercheurs ont testé la réaction à des événements positifs de 63 patients dépressifs. Pendant douze semaines, un premier groupe a suivi une thérapie cognitivo-comportementale, tandis qu’un deuxième groupe a pris un antidépresseur tous les jours. A la fin de l’expérience, si l’électroencéphalogramme indiquait que l’activité du cerveau associée à un événement positif (le fait de gagner de l'argent) avait augmenté lors de la période de suivi, on pouvait conclure que le traitement était le bon. Dans le cas contraire, cela signifiait que les antidépresseurs ou la thérapie cognitivo-comportementale étaient inefficaces pour soigner le patient dépressif.
"Jusqu'à présent, aucun moyen objectif ne permettait d’évaluer l’efficacité d’un traitement contre la dépression à un stade aussi précoce", se réjouit Katie Burkhouse, auteure principale de l’étude. "Les antidépresseurs peuvent avoir des effets secondaires indésirables, tandis que les praticiens formés à la thérapie cognitivo-comportementale peuvent être difficiles à trouver", explique-t-elle encore. Ainsi, savoir plus en amont quel type de traitement fonctionne sur un patient éviterait de nombreux écueils, et permettrait un soulagement plus rapide des symptômes dépressifs.
Une personne sur cinq touchée par la dépression
En France, on estime que près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie. La dépression est une maladie qui touche tous les âges, depuis l’enfance jusque très tard dans la vie. En 2010, 7,5 % des 15-85 ans auraient vécu un épisode dépressif, avec une prévalence deux fois plus importante chez les femmes que chez les hommes (Source : Institut national de prévention et d’éducation pour la santé). Cependant, la dépression ne concerne pas que les adultes. La prévalence des troubles dépressifs est estimée entre 2,1 à 3,4 % chez l’enfant et à 14 % chez l’adolescent.
L’OMS (Organisation mondiale pour la Santé) estime que les troubles dépressifs représentent le 1er facteur de morbidité et d’incapacité sur le plan mondial.