Après la dengue, voici que le virus Usutu frappe en France. Transmis par la piqûre d'un moustique banal, le Culex, ce virus nouveau dans notre pays attaque le système nerveux. Virus normalement tropical et d'origine africaine (Sénégal, Nigeria, Ouganda, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Maroc...), l'Usutu touche surtout les oiseaux migrateurs.
Son arrivée en France témoigne d'un phénomène inquiétant, l'acclimatation dans notre pays de virus, de bactéries et de parasites d'origine tropicale, parallèlement au réchauffement climatique. Un phénomène qui ne concerne pas que la France et qui inquiète les experts.
Le risque climatique inquiète des médecins
Cela fait plusieurs années que les médecins observent la diffusion de maladies infectieuses d'origine tropicale dans des pays où elles n'existaient pas auparavant. Cela a été le cas du virus West Nil qui s'est implanté il y a plusieurs années dans le métro de New York. Au Brésil, le virus de la fièvre jaune est sorti de la forêt amazonienne et est aux portes des grandes villes (Sao Paulo, Rio de Janeiro)... où personne n'est vacciné.
La Dengue a déjà été contractée dans le sud de la France et le moustique tigre, qui peut innoculer la Dengue et le Chikungunya, remonterait d'un département chaque année vers le nord. La leishmaniose frappe de plus en plus d'humains dans le sud de la France. Enfin, on se pose la question de l'impact du réchauffement climatique dans l'augmentation progressive de la fréquence de la maladie de Lyme en France.
Des scientifiques du Haut Conseil de la Santé Publique surveillent ces phénomènes pour mieux anticiper les épidémies qui risquent de se produire dans les prochaines années et les rapports s'empilent année après année. Tous sont concordants : "le changement climatique, c'est un peu comme la mort, nous savons qu'il va arriver, mais personne n'y croît".
Un premier cas d'infection humaine en France
Le premier cas d'infection humaine en France au virus Usutu a été repéré à Montpellier. Un homme de 39 ans aurait en effet été infecté en 2016 après qu'un moustique de type Culex ait été contaminé par des oiseaux migrateurs venus d’Afrique.Il aura fallu attendre un an et demi avant d'avoir le diagnostic exact.
L'homme est venu consulter pour une paralysie faciale, mais avec un tableau clinique assez atypique : fourmis dans tous l'hémicorps droit et petits déficits moteurs associé. Plusieurs cas humains ont été recensés en Europe : 10 en Italie et trois en Croatie. Ce virus "émergent" dans notre pays reste mal connu et l'INSERM a donc lancé une enquête pour en savoir davantage sur ce cousin du virus Zika.
Un virus essentiellement animal
Le cycle de développement du virus Usutu reste encore méconnu pour la communauté scientifique, mais il semblerait que les oiseaux migrateurs et quelques rapaces soient le réservoir du virus. Formellement identifié pour la première fois en Afrique du Sud en 1959, dans le Swaziland près de la rivière Usutu (d'où son nom), le virus circulerait en Occitanie depuis 2015.
On suppose qu'il est à l'origine de plusieurs foyers infectieux provoquant d'importants pics de mortalité chez les oiseaux, comme en 2004 en Autriche. Depuis 1996, plusieurs phénomènes de mortalité massive d'oiseaux ont été attribués à l'Usutu dans les provinces italiennes de Florence et Pistoia, ainsi qu'en Hongrie, Suisse, Espagne ou encore, Allemagne. Point positif : le virus ne se transmet pas d'Homme à Homme.
Comment reconnaître le moustique Culex ?
Le moustique Culex est l'insecte le plus prédominant en France. Aussi surnommé "moustique domestique", il peut transmettre des maladies graves comme la Fièvre du Nil Occidental ou l'Encéphalite Japonaise... ainsi que le virus Usutu, à la différence du moustique anophèle, vecteur du paludisme ou du moustique Aedes (dont fait partie le moustique tigre) qui est lui vecteur de la dengue, du Chikungunya et du Zika.
Tout comme le moustique tigre, le Culex apprécie les eaux plutôt chaudes et stagnantes et/ou les mares ou fossés intraforestiers ombreux et il est capable de piquer en pleine journée (à la différence de l'anophèle qui ne pique que la nuit). Il faut donc se protéger en théorie 24 heures sur 24, d'où l'intérêt d'éliminer les gîtes larvaires autour des maisons, c'est-à-dire la moindre source d’eau stagnante, comme les fonds de gouttières ou encore les soucoupes de pot de fleurs où les femelles aiment à pondre leurs œufs.