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QUESTION D'ACTU

Les médecins du travail en ébullition





C’est sans doute une illustration supplémentaire de la tension grandissante dans le monde du travail entre salariés et employeurs. Et les médecins du travail y jouent souvent le rôle délicat d’arbitre. Dominique Huez le sait bien. Médecin du travail à la centrale nucléaire de Chinon (Indre-et-Loire), il se voit reprocher d’avoir délivré à un salarié d’Ortys, un sous-traitant de la centrale, un certificat attestant du lien entre son état de santé psychique et ses conditions de travail. S’estimant victime de harcèlement moral de la part de l’employeur, le salarié avait produit ce certificat au tribunal des Prud'hommes.

Mais le Dr Huez, précise le Monde, ne se rendra pas à la convocation du conseil départemental de l’Ordre des médecins dans le cadre d’une commission de conciliation. « Je suis tout à fait d'accord pour m'expliquer avec l'Ordre sur ma pratique déontologique, mais pas devant l'employeur, indique M. Huez. Il m'est interdit par la loi de donner à l'entreprise la moindre information sur la santé d'un de ses salariés ».

Trois médecins, note le quotidien, font actuellement l’objet de plaintes similaires d’employeurs. Et le milieu des médecins du travail est en ébullition. Les représentants du syndicat professionnel (SNPST) dénoncent ces atteintes répétées à l’indépendance de leur fonction. « Faire le lien entre travail et santé, c'est le rôle même du médecin du travail, son cœur de métier », explique Pierre Abecassis, médecin inspecteur du travail en Bourgogne. Le médecin du travail a « même l'obligation d'en informer le salarié et de lui permettre d'en obtenir réparation lorsque la pathologie est avérée », renchérit le syndicat.

Depuis quelques jours, une pétition circule pour soutenir les confrères mis en cause. Les médecins du travail contestent le fait que leur conseil de l’Ordre puisse instruire ce genre de plainte d’employeur. Pour eux, cette procédure relève du droit commun. « C'est la honte d'être stigmatisé comme un médecin qui ne respecte pas l'éthique », reconnaît le Dr Huez. Et l’employeur l’utiliserait même comme une arme de dissuasion, selon le SNPST. « Le patronat, explique-t-il, veut déclencher un réflexe de peur et d'abstention de témoignage chez les médecins du travail ».

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