Parmi les facteurs favorisant la survenue d’un cancer de l’estomac se trouvent le tabagisme, une alimentation pauvre en fruits et légumes frais, ainsi que le facteur génétique dans moins de 5% des cas. Pour le reste, c’est une bactérie qui serait responsable de près de 9 cancers de l’estomac sur 10. Appelée Helicobacter pylori, elle est généralement acquise pendant l’enfance et colonise peu à peu la muqueuse, c’est-à-dire le tissu qui tapisse l’intérieur de l’estomac.
Voie de contamination
Pour le Groupe d'étude français des Helicobacter, la voie de contamination la plus probable est oro-orale. La proximité joue aussi un rôle : le risque est par exemple 4 à 8 fois plus élevé si la mère est infectée et de 2 à 4 fois si c’est le père. Des risques de transmission inter-fratries existent également. Enfin, les risques de contamination augmentent avec les mauvaises conditions d’hygiène et la promiscuité.
En France, Helicobacter pylori infecterait 20 à 30% des individus, tandis que 80% le sont en Afrique et 10% dans les pays nordiques. Asymptomatique dans 90% des cas, l’infection à la bactérie peut aussi évoluer vers un ulcère gastro-duodénal chez 2% à 20% des personnes infectées. Parmi elles, 1% développera un cancer de l’estomac. "Ce processus complexe de carcinogenèse s’étend sur des décennies et passe par une cascade d’étapes, dont la première, la gastrite superficielle, ne survient pas sans infection par Helicobacter pylori, ce qui ne signifie pas que cette infection est suffisante", explique le Pr Matysiak-Budnik, gastro-entérologue et cancérologue au CHU de Nantes.
Un seul traitement antibiotique administré pendant 10 à 14 jours
Il est toutefois possible d’éradiquer la bactérie grâce à un traitement antibiotique qui fera régresser les gastrites superficielles, ainsi que la plupart des gastrites atrophiques. Un tel traitement peut donc s’avérer particulièrement efficace pour prévenir le cancer de l’estomac. En cas de confirmation de la présence de la bactérie, un seul traitement antibiotique administré pendant 10 à 14 jours suffit pour l’éradiquer. Sa présence se fait par la voie d'une endoscopie pendant laquelle une biopsie sera effectuée.
Pour les spécialistes, il est aussi indispensable que les personnes souffrant de douleurs gastriques se fassent dépister, ainsi que celles dont au moins un membre de la famille au 1er degré (parents, frères et sœurs…) ont développé un cancer de l’estomac, ont eu "un ulcère, une gastrique atrophique, précancéreuse, ou ayant subi une ablation partielle de l’estomac pour cancer, et chez celles traitées au long cours par certains médicaments anti-acide, les IPP (inhibiteurs de la pompe à protons)". Le dépistage consiste en une sérologie ou un simple test respiratoire. Des essais cliniques pour un vaccin seraient aussi en cours.
3e cancer le plus répandu en France
3e cancer le plus répandu en France, le cancer de l’estomac reste pourtant l’un des plus méconnus et des moins médiatisés. 6 000 à 7 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année dans l'Hexagone pour 4 500 décès.
Deux tiers des patients diagnostiqués sont de sexe masculin et généralement âgés de plus de 50 ans. Avec l’amélioration de la qualité de vie et de l’hygiène alimentaire, le taux de mortalité a fortement chuté ces dernières années mais le pronostic reste relativement mauvais si des métastases se sont formées. En effet, rares sont les cancers gastriques découverts de manière précoce. "Le plus souvent, ils sont détectés à un stade évolué, parce que surviennent une hémorragie digestive, des douleurs qui ressemblent à un ulcère, un amaigrissement, des difficultés d’alimentation…", énumère pour Le Figaro le Pr Tamara Matysiak-Budnik.