Certains rêvent d’un peu de temps pour eux seuls, d’autres rêvent d'être accompagnés. En 2017, 672 621 personnes ont contacté SOS Amitié par téléphone, messagerie ou par chat. Le chiffre est en légère hausse par rapport à l’année précédente. Les bénévoles de l’association constatent au quotidien les difficultés ressenties par les personnes isolées : angoisse, dépression, maladie mentale, pensée suicidaire. Mais les conséquences de la solitude ne sont pas que psychiques.
La solitude, néfaste après une opération cardiaque
Une étudiante du centre de cardiologie de l’université de Copenhague a présenté le 9 juin les résultats de sa recherche lors du congrès de la société européenne de cardiologie à Dublin. Ils montrent que les personnes ayant été hospitalisées pour des problèmes cardiaques ont plus de risque de mourir dans les mois qui suivent si elles sont seules. L’étude a été réalisée sur 13 000 personnes âgées de 65 ans en moyenne. Les hommes seraient particulièrement concernés : ceux qui vivent seuls ont deux fois plus de risque de mourir que les autres dans l’année qui suit leur hospitalisation.
Dans une interview accordée au Figaro, Anne Vinggaard Christensen, l’étudiante en doctorat auteure de ce travail universitaire, explique que ce constat n’est pas valable pour les femmes : "Des recherches ont montré que les hommes utilisent principalement leur épouse comme premier support alors que les femmes ont souvent davantage de personnes en support qui ne sont pas leurs époux." Lorsqu’elle s’est intéressée à la solitude ressentie, les données entre femmes et hommes se sont croisées. Qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, la mortalité double dans les douze mois qui suivent la sortie de l’hôpital pour ceux qui déclarent se sentir seuls.
Comment vaincre la solitude ?
Une personne sur dix en France souffre de la solitude. Des structures et associations tentent de briser ce cercle vicieux en apportant écoute et soutien aux personnes isolées. Depuis 1960, SOS Amitié propose à ces personnes un service d’écoute téléphonique 24H/24. Des associations proposent aussi leur soutien de visu, comme Astrée qui organise des rencontres entre ses bénévoles et les personnes isolées. Elle a onze antennes partout en France : Lille, Saint-Etienne, Rennes, Toulouse ou encore Montpellier.
Une application pour ne plus dîner seul
On accuse souvent les nouvelles technologies, du smartphone aux ordinateurs portables, de contribuer à augmenter le sentiment de solitude, mais cela peut également être l’inverse. A Nice par exemple, l’application mobile Justdin a été créée pour proposer aux gens qui mangent seuls de partager des repas avec des personnes dans la même situation. Pour éviter tout quiproquo, l’utilisateur peut préciser ses centres d’intérêt, les langues qu’il maîtrise, etc. Ammy Générations propose un concept un peu similaire : l'application permet aux personnes âgées et aux jeunes de se rencontrer pour un repas, un coup de main ou une simple rencontre.
Ce qui compte pour rompre l’isolement, est de recréer du lien social quelque soit le moyen. Des méthodes plus "classiques" existent : les associations de quartier ou de village proposent fréquemment des activités. Certaines agences se sont spécialisées dans les voyages pour personnes seules. L’idée n’est pas de créer un voyage sur-mesure pour une personne, mais au contraire de rassembler plusieurs personnes intéressées par la même destination. A l’échelle gouvernementale, le programme MONALISA s’intéresse à l’isolement des personnes âgées. 446 organisations y sont rassemblées et toutes agissent contre la solitude à leur manière. Car pour lutter contre l’isolement, mieux vaut se battre à plusieurs.