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Fumer tue

A Strasbourg, il sera bientôt interdit de fumer dans les parcs et espaces verts

Par Anaïs Col

La ville de Strasbourg s'apprête à interdire le tabac dans ses espaces verts, comme c'est déjà le cas dans ses aires de jeux. Dès janvier 2019, les fumeurs encourront une amende de 68 euros s'ils fument dans ces zones. 

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Strasbourg continue sa lutte contre le tabagisme : après avoir instauré l'interdiction de fumer dans les aires de jeux en 2014, la municipalité devrait voter le 25 juin prochain l'étendue de cette mesure à tous ses espaces verts, forêts et parcs compris. Des panneaux "Parc sans tabac" et des cendriers seront installés devant chaque entrée afin de notifier l'interdiction.

Si la ville élargit son plan d'action, c'est que les habitants y sont favorables. En effet, la municipalité a déjà expérimenté le concept en soumettant le parc de la Citadelle a cette mesure, et selon un sondage, 71% des non-fumeurs et 57% des fumeurs sont favorables à l'interdiction de fumer dans l'ensemble des parcs de la ville.

Les habitants seront sensibilisés à cette interdiction tout au long de l'année 2018 grâce à l'intervention de médiateurs envoyés par l’Agence régionale de santé (ARS) et de bénévoles de la Ligue contre le cancer, puis encourront une amende de 68 euros dès janvier 2019 s'ils fument ou jettent un mégot dans un espace vert. "L’objectif est aussi environnemental", explique à 20 Minutes Christel Kohler, adjointe au maire en charge de ville en nature et ville nourricière. "Sur le plan environnemental, les filtres de cigarettes jetés dans la nature mettent 12 ans à se décomposer et un seul mégot avec ses composants chimiques peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau potable".

"Il faut cesser toute exposition"

Mais les enjeux sont également sanitaires. "Le tabac est un déterminant de santé majeur, bien sûr pour le cancer (…) mais aussi pour les maladies cardiovasculaires de manière générale, pour les insuffisances respiratoires", rappelle l’adjoint au maire en charge de la Santé, Alexandre Feltz. "On est à un taux trop élevé en France, on est à près de 30% de fumeurs alors que d’autres pays sont à 15% ou 12%." 

Plus précisément, les dangers de la cigarette sont présents à court et à long terme. A court terme, fumer peut provoquer des spasmes des artères, c’est-à-dire leur rétrécissement brutal, la formation de caillots et l'apparition de troubles du rythme cardiaque. Ces troubles peuvent eux-mêmes être responsables d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral (AVC) ou de mort subite. A long terme, c’est la dégradation progressive des artères qui menace le fumeur. Lorsqu'il est exposé à d’autres facteurs de risque comme l’excès de cholestérol, le diabète ou l’hypertension artérielle, ce phénomène peut être augmenté. 

Le tabac peut également être la cause de multiples cancers (poumon, gorge, bouche, lèvres, pancréas, reins, vessie, utérus, œsophage). Mais également de maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, artérite des membres inférieurs, anévrismes, hypertension artérielle) et de troubles de l’érection.

"Pour se protéger des méfaits du tabac, la réduction de la consommation n’est pas suffisante, il faut cesser toute exposition", insiste le professeur Daniel Thomas, président d’honneur de la FFC et vice-président de l’Alliance contre le tabac. Même le tabagisme passif est une menace pour la santé. Il augmente le risque d’infarctus du myocarde de 25%. En France, le tabagisme reste malgré tout la première cause de mortalité évitable, avec environ 73 000 décès chaque année.