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Bébés en péril

Plus de 200 décès par an : questions sur les bébés secoués

Par le Dr Jean-François Lemoine

Une mère vient d’être condamnée à trois ans de prison ferme pour avoir « secoué » mortellement son bébé. Comment des parents, souvent tout ce qu'il y a de plus normaux en arrivent à avoir ces comportements potentiellement criminels ? Comment éviter les drames ?

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Plus de 200 bébés meurent chaque année parce qu'ils sont "secoués"...  Un sujet tabou et  bien évidemment une maltraitance inadmissible.

A quel âge ?

Cela se produit  toujours avant l’âge d’un an ; Aucun milieu social n’y échappe,  Les pleurs de l’enfant  sont  le prétexte… et une seule secousse suffit !

Pourquoi ?

C’est dramatiquement simple : excédés par les pleurs, fatigués, les nerfs à fleur de peau, des parents ou des baby-sitters craquent nerveusement, empoignent le bébé et le secouent violemment pour le faire taire.

Une fois suffit ; et cela n’a rien à voir avec un choc. On ne peut pas faire la confusion avec une chute.  De la table à langer par exemple, qui est bien évidemment la première explication des parents qui se sentent coupables; Autre excuse évoquée:  “On jouait je l’ai un peu secoué!” disent le parent ou la nounou. Impossible ! Le secouement est un geste violent. Pas maladroit ou malencontreux. En aucun  un geste de la vie quotidienne. On le répète : il ne peut être que volontaire compte tenu de sa violence.

Que se passe dans la petite tête d'un bébé quand on le secoue ?

C’est l’espace qu’il y a entre le cerveau et la boite crânienne qui explique le mécanisme et les conséquences. Le cerveau bouge brutalement et s’écrase contre l’os. D’ailleurs cet espace est plus important chez les garçons. Cela explique pourquoi,  ils représentent 60% des victimes .

Y’a t’il des séquelles ?

Secouer un bébé peut être mortel jusqu’à l’âge de un an. Après le cerveau ayant pris toute la place, il ne peut plus bouger.  L'issue n'est heureusement pas toujours dramatique, mais  un bébé secoué risque d'autres séquelles. Le taux de mortalité est même de 10 à 40%. Mais un seul secouement peut handicaper à vie et les lésions cérébrales se traduire par des défauts moteurs, visuels, intellectuels et comportementaux et il faut des années pour s’en rendre compte.

Que faire en cas en cas de  doutes sur une nounou, un conjoint ou une conjointe ?

Si ce ne sont pas les parents qui sont responsables, ils vont amener leur enfant qui ne va pas bien, à l’hôpital.  Les médecins vont alors se poser la question. Mais en cas de dissimulation ,  c’est un devoir pour  tous de signaler le moindre doute. Le bébé secoué a le droit à être reconnu et traité comme victime d’une infraction pénale.

D’ailleurs trois hôpitaux pédiatriques parisiens, la police et la justice ont signé un accord pour mieux collaborer pour prévenir cette maltraitance ;

Comment soigner les parents ?

C'est évidemment un geste d'humeur, dans l'instant... Mais peut-on l'éviter, l'anticiper, le prévoir ? C’est normal qu’un enfant pleure longtempsAprès avoir vérifié qu’il n’a pas faim, qu’il est propre, il faut fermer la porte et le laisser pleurer ! Cela peut durer longtemps sans que cela ne pose de problèmes. Mais en cas de logement de petite taille, ce n’est pas toujours facile de l’isoler. Tout le monde est susceptible d’être exaspéré au point d’avoir envie de secouer un bébé. Ce qui est anormal c’est de passer à l’acte. Pour diverses raisons, le degré de tolérance de l’adulte face aux pleurs est très varié. Il est important de prévoir qu’on puisse être exaspéré par les pleurs d’un enfant et de mettre au point une stratégie pour y faire face.  Si une famille a conscience de l’existence de ce problème, faut en parler à son médecin qui probablement dirigera  les parents vers un psy