L'apnée du sommeil concerne de gros ronfleurs qui arrêtent brusquement de respirer, gardent la bouche ouverte quelques secondes, puis reprennent bruyamment leurs ronflements. Dans certains cas, cet arrêt se produit deux cents fois par nuit, pendant 45 secondes. Faites le calcul : cela fait deux heures et demi sans respirer, ce qui explique que ces personnes soient épuisées le lendemain.
Les apnées sont une cause sérieuse de maladie cardiovasculaire et surtout d’accidents de la route par assoupissement - il s'agit de la troisième cause d'accident après la vitesse et l’alcool. Des chercheurs allemands ont mis au point un simulateur, une sorte de jeu vidéo qui permet de mettre en condition de conduite monotone les apnéiques pendant 60 minutes, avec une vitesse moyenne virtuelle de 100 km/h, des conditions climatiques et des obstacles variés. Les résultats ont montré que les apnéiques non traités avaient en moyenne près de 3 accidents dans ces séances de conduite simulée, et qu'ils commettaient 13 fautes de concentration.
Comment savoir si l’on souffre d’apnée du sommeil ?
C’est simple. D’abord si l’on vit en couple, les "gros ronfleurs ou ronfleuses" sont vite dépistés, d’autant que l'un des effets secondaires souvent caché sont les troubles de l’érection et une vie de couple qui se détériore ! Ces apnées touchent quasi exclusivement les personnes en surpoids ou obèses.
Une récente étude publiée dans la revue The Ocular Surface confirme qu’il existe une association entre les paupières tombantes et l’apnée du sommeil. L’équipe du docteur Charles Bouchard, ophtalmologiste et chercheur de l'université de Loyola (Chicago), a en effet rapporté que 53% des patients souffrant d'apnée du sommeil avaient des paupières supérieures relâchées et caoutchouteuses. Les cas les plus graves d'apnée du sommeil étaient associés aux cas les plus prononcés de paupières tombantes.
En cas d’embompoint et de fatigue anormale, en particulier l’après-midi, il est important d'en parler à son médecin qui demandera un enregistrerment du sommeil, lors d’une nuit à l’hôpital, pour poser son diagnostic.
Quel traitement pour soigner l'apnée du sommeil ?
Il n’existe pas de médicaments pour régler le problème en dehors de la perte de poids souvent pas facile à obtenir. Deux traitements mécaniques donnent de bons résultats. Le premier consiste à utiliser des prothèses que l’on place dans la bouche au coucher et qui avancent la mâchoire. Mais seules 3 personnes sur 10 peuvent les utiliser pour des raisons techniques. Le second traitement consiste à porter un masque nasal fixé avec des sangles et relié à une petite machine, toute la nuit. L’air comprimé que l’on inspire permet ainsi d’éviter que les parois de l’arrière-gorge se rejoignent et entraînent un arrêt respiratoire. Le sommeil devient paisible, grâce à cette machine qui assure un débit d’air continu.
L'étude allemande citée plus haut en a étudié les effets sur la conduite. Et les résultats sont clairs : non seulement l'attention et le niveau d'alerte s'améliorent en 6 semaines, mais surtout, les performances de conduite précèdent ces améliorations. La fréquence des accidents diminue considérablement dès le début du traitement (moins d'un accident à 42 jours) comme celle des fautes de concentration (moins de 5 au lieu de 13 avant traitement). Mal acceptée au début par les malades, elle devient vite indispensable.
Quant à la vie de couple, qui est souvent le premier frein à la décision, il faut savoir que la machine est infiniment moins bruyante que les ronfleurs. D'autant que la plupart du temps, ces nuits sans sommeil se traduisent par – lorsque c’est possible – la fameuse "chambre à part" qui elle non plus ne favorise pas la vie de couple. Un apnéique est quelqu’un de fatigué… donc piètre compagnon. Quelques nuits passées branché à la machine suffisent généralement à redonner une certaine vigueur. A noter que le traitement est pris en charge par la sécurité sociale.