De nombreuses études ont déjà démontré qu’un traitement à base de Dépakine pendant la grossesse peut avoir des conséquences sur les capacités intellectuelles de l'enfant. Mais une nouvelle étude de l’Agence du médicament (ANSM) et de l’Assurance-Maladie (CNAM), publiée le 22 juin vient précise que les enfants exposés in utero à ce produit, ont quatre à cinq fois plus de risques d’être atteints de troubles mentaux et du comportement : 16 000 à 30 000 enfants seraient touchés.
Cette nouvelle estimation, qui ne surprend pas l’association de victimes de ce médicament, donne une ampleur inédite à l'affaire. D’autant qu’il s’agit des résultats d’une étude de très grande ampleur réalisée par les pouvoirs publics en lien avec les données officielles de santé de 1 700 000 bébés nés entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2014, dont 8 848 ont été exposés à ce médicament avant leur naissance.
Le valproate, plus dangereux que les autres antiépileptiques
La Dépakine est un antiépileptique qui contient du valproate de sodium, une substance pouvant provoquer des malformations physiques chez l’enfant si elle est ingérée pendant la grossesse, le risque de retard intellectuel est donc élevé.
Un étude précédante avait recensé 1865 enfants exposés à différents antiépileptiques pendant la grossesse. Du valproate mais aussi du phenobarbital, de l’oxcarbazepine, de la lamotrigine, du clonazépam ou de la carbamazépine. Comparés à des enfants, dont les mères n’avaient pris aucun traitement de ce type, ceux exposés au valproate, et donc à la Dépakine, pendant la grossesse, avaient de moins bons résultats lors de tests scolaires du primaire au début du collège.
Pour les enfants exposés au clonazépam, les taux de réussite étaient aussi moins bons que ceux des enfants n’ayant été exposés à aucun anti-épileptique pendant la grossesse. Cependant, ils demeuraient meilleurs que les résultats des enfants soumis au valproate. Pour les autres antiépileptiques, aucune différence de réussite scolaire n’a été constatée, en comparaison aux enfants qui n’ont jamais été exposés à l’une ou l’autre de ces substances.
Le laboratoire Sanofi conteste ces résultats
Plus précisément, si l'on considère que 30% à 40% des 41 600 à 76 100 enfants exposés entre le début de la commercialisation de la Dépakine en 1967 et 2016 seraient concernés, ce sont donc entre 16 600 et 30 400 enfants qui seraient atteints de troubles. Dans un communiqué, le laboratoire Sanofi, qui commercialise la Dépakine, "conteste fermement les estimations mentionnées dans le rapport de l’ANSM et de la CNAM" qui, selon lui, "vont ajouter de la confusion auprès des patients et des professionnels de santé".
En novembre dernier, la cour d'appel d'Orléans avait condamné le laboratoire Sanofi à verser 3 millions d’euros d’indemnités à une femme qui prenait ce médicament depuis son enfance. Aucune information sur les dangers potentiels du traitement ne lui avait été données lorsqu’elle était tombée enceinte et sa fille présente aujourd’hui de graves malformations physiques.