"Si nous sommes en souffrance, comment peut-on continuer à accompagner, mobiliser et dépister les 820 400 personnes rencontrées chaque année ?", déplorent la majorité des membres de l’association de lutte contre le sida AIDES, en grève depuis jeudi 21 juin. Ce jour-là, 84% des 480 salariés étaient en grève, et 63 des 74 lieux d’accueil étaient fermés. Le mouvement doit au moins durer jusqu’au mardi 26 juin.
On continue le mouvement !!??????????????????????????? pour de meilleures revenus, de meilleures conditions de travail ??https://t.co/FnckwNtzC1 (article @libe ????????)https://t.co/Q0ekE9ZUs8 (cagnotte solidaire pour les collègues de Aides) pic.twitter.com/uAyChv8fGi
— Antoine Foucaut (@FoucautAntoine) 25 juin 2018
Des risques psycho-sociaux
"La précarisation du travail, le manque de reconnaissance et de moyens, les exigences toujours plus importantes sur la charge de travail ont entraîné des risques psycho-sociaux, un turnover important (assumé par la direction) et une explosion du nombre d’arrêts maladie", expliquent encore les grévistes. Selon les chiffres communiqués par Renaud Delacroix, représentant du personnel chez AIDES, le turn-over a été en 2017 de 24% pour l’ensemble des employés et de 28% chez les animateurs, "ce qui est énorme".
Est également évoqué "les inégalités de rémunération entre les Directions Générales successives et les salariés-es", en référence à un chèque de plusieurs milliers d'euros qu’a reçu Vincent Pelletier, l’ancien directeur général de l’association, au moment de son passage d’Aides à une autre association, Coalition Plus. "Un grand mal-être gronde chez les militants suite au départ de l’ancien directeur général (Vincent Pelletier, ndlr) avec une prime que l’on a évaluée entre 55 000 et 60 000 euros", souligne Renaud Delacroix dans Komitid.fr.
"La négociation est en cours"
Les salariés déplorent également ne pas toucher de prime cette année, contre 800 euros en 2017, ainsi qu’une augmentation salariale de 15 euros jugée insuffisante. Un salarié d’Île-de-France de chez AIDES confie : "Nous aimons tous la cause que nous défendons, viscéralement, mais nous ne pouvons être optimaux et apaisés pour faire ce que l’on attend de nous que si nos conditions de travail sont décentes et que équité et reconnaissance sont appliquées."
Le directeur général d’Aides, Marc Dixneuf, explique de son côté à Libération que "la négociation est en cours", et que "nous avons relevé les bas salaires et accordé une prime. Je souhaite continuer dans ce sens-là, dans la limite d’une organisation dont la moitié des ressources est dépendante de financements privés".
Une association reconnue d'utilité publique
La mobilisation a déjà permis d’obtenir que les heures travaillées le dimanche soient comptées double et que les semaines de congés payés passent de 6 à 7 par an. En attendant une évolution du conflit, les centres d’accueil de l’association AIDES ouvrent une heure tous les matins pour expliquer les revendications des salariés, avant de fermer leurs portes.
AIDES est une association créée en 1984 et reconnue d'utilité publique depuis 1990. L'association mène des actions d'information, de prévention, de soutien et de mobilisation des personnes concernées par le VIH et les hépatites.