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INTERVIEW - Maladie d’Alzheimer : quels signes doivent alerter ?

Par Mégane Fleury

Les premiers signes de la maladie d’Alzheimer peuvent être détectés tôt. Des troubles de la mémoire récente aux difficultés de langage, les symptômes sont variés. Décryptage. 

monkeybusinessimages/iStock

1,3 million de personnes pourraient être atteintes d’Alzheimer en 2020 d’après la Fondation pour la recherche médicale, soit un Français sur 4 parmi les plus de 65 ans. Aujourd’hui, 900 000 personnes souffrent de la maladie. Elle touche principalement les personnes âgées de plus de 80 ans, mais dès 65 ans, certains signes peuvent alerter. 

Une maladie parfois difficile à détecter 

La maladie d’Alzheimer est dite "dégénérative", c’est-à-dire qu’elle progresse au fil du temps. Elle est due à l’accumulation de protéines toxiques dans le cerveau qui vont progressivement altérer les neurones, jusqu’à les détruire. "L’âge d’apparition des premiers symptômes dépend du vécu de chacun, nous explique le Dr Maï Panchal, directrice scientifique de la fondation Vaincre Alzheimer. Une personne sans aucun symptôme gênant au quotidien peut, après une anesthésie générale, avoir une aggravation des troubles qui vont rendre la maladie beaucoup plus visible."

Certains patients parviennent à pallier les handicaps provoqués par la maladie, en particulier les personnes qui ont eu de fortes responsabilités ou qui ont un haut niveau d’étude. Ce phénomène a une explication scientifique, comme le souligne le Dr Panchal : "Le cerveau a une réserve cognitive, c’est sa capacité à chercher des solutions pour pallier un problème." Le médecin se souvient par exemple d’un patient qui a perdu sa voiture sur une place, et qui a décidé d’attendre que tous les autres automobilistes partent pour la retrouver. "Le niveau d’éducation peut faire gagner des années sur la maladie, mais c’est juste un ralentissement, cela n’empêchera la maladie de se déclarer à terme." 

La perte de mémoire récente, un symptôme-clé 

Dans certains cas, il peut donc être très difficile de détecter la maladie. "C’est la récurrence et la synergie de tous les troubles qui doivent alerter", prévient le Dr Panchal. Toutes les pertes de mémoire ne doivent pas inquiéter pour autant. "Ce sont vraiment les troubles de la mémoire récente qui sont révélateurs, lorsque la personne pose plusieurs fois la même question dans une journée, ce qu’elle a mangé à midi par exemple", précise le médecin. Souvent, les personnes atteintes n’ont aucun problème avec la mémoire ancienne. Pour elle, lorsque les pertes de mémoire récentes sont récurrentes, il faut consulter : "Cela peut être un symptôme d’Alzheimer mais aussi d’autre chose : une dépression non traitée, une anomalie de thyroïde, une carence en vitamines, etc." 

Lorsque le quotidien devient une épreuve

La planification peut devenir un problème. "Cela peut tout simplement être le fait de décider de se rendre à la boulangerie ou de suivre le déroulé d’une recette", précise le Dr Panchal. 

La désorientation spatio-temporelle fait partie des autres symptômes. Les malades ne vont plus savoir quelle sortie prendre sur un rond-point qu’ils connaissent bien, par exemple. Parfois, les personnes atteintes sont touchées par des troubles du langage. "Il peut y avoir un vrai manque de mot, qui à terme peut se transformer en une perte de la parole", indique le médecin.

La possible apparition de troubles psycho-comportementaux 

Dans certains cas, la maladie peut provoquer des troubles psycho-comportementaux. "On ne peut pas parler de symptômes car il n’y a aucun lien établi pour l’heure entre ces troubles et les problèmes observés dans le cerveau, mais ce sont des troubles associés." Ils se traduisent par des déambulations ou de l’agressivité. Si on ne peut pas les prévenir, certaines choses peuvent les réguler : "On sait que, dans ce genre de cas les benzodiazépines empirent les troubles de la mémoire, il vaut mieux utiliser des techniques non-médicamenteuses comme la musicothérapie ou la luminothérapie." 

Il est enfin possible de prévenir la maladie avant d'en être atteint. "Il faut bien manger pour éviter les risques cardiovasculaires qui sont aussi des facteurs aggravants pour Alzheimer, avoir une activité sociale et une activité physique", explique Dr Panchal. Mais nous ne sommes pas tous égaux face à cette maladie, certaines personnes ont des prédispositions génétiques. Aucun traitement ne permet en tous cas aujourd’hui de soigner Alzheimer. Les médicaments disponibles limitent les symptômes et leur aggravation s’ils sont pris tôt, d’où l’intérêt de détecter les signes le plus vite possible.