Maladie insidieuse, l’ostéoporose se caractérise par une fragilité excessive du squelette, due à une diminution de la masse osseuse et à l'altération de la micro-architecture osseuse. Elle toucherait 3 millions de personnes en France, parmi lesquelles 30 à 40% de femmes ménopausées. Les traitements utilisés pour soigner cette pathologie font polémique. Selon une toute récente étude publiée dans la revue Endocrine Practice, 15,4% des patients ayant interrompu temporairement leur traitement à base de bisphosphonates contre l’ostéoporose ont subi des fractures osseuses.
Enquête à charge contre le Prolia
Rappelons que ces ralentisseurs du remodelage osseux, agissant principalement par l’inhibition de l'activité ostéoclastique, peuvent causer des effets secondaires rares mais graves (ostéonécrose de la mâchoire et fracture atypique du fémur), que seul un "congé médicamenteux" peut prévenir. L’American Association of Clinical Endocrinologists et American College of Endocrinology recommandent ainsi que les femmes à risque modéré d'ostéoporose prennent un "congé médicamenteux" après cinq ans de traitement par voie orale et trois ans de bisphosphonates par voie intraveineuse.
Pour le Pr Pauline Camacho, principale auteure de l’étude, il est nécessaire d’étudier davantage les effets des congés médicamenteux avant de les prescrire aux patients souffrant d’ostéoporose. Mais ce n’est pas tout. Le Monde vient également de publier une enquête à charge contre le Prolia. "Prescrit à 90 000 Françaises contre la fragilisation des os à la ménopause, ce traitement peut engendrer des fractures vertébrales multiples quand on l’interrompt", affirme le quotidien.
Des risques de fractures multiples ?
Deux patientes souffrant de multiples fractures à la colonne vertébrale racontent leur calvaire. Une nouvelle étude, publiée en février, indique également que "le taux de fractures vertébrales à l’arrêt des traitements, évalué à 7% par an, était similaire dans le groupe placebo et dans le groupe Prolia, mais nous avons constaté une proportion plus importante de fractures multiples parmi le groupe Prolia : 60% des cas parmi ces patientes, contre 38% parmi le groupe placebo".
Malgré ces résultats, l’Agence européenne des médicaments (EMA) se positionne en fonction des risques de fracture, et non en fonction des risques de fractures multiples : "nos experts ont estimé qu’il n’y avait aucune preuve suggérant que l’arrêt du Prolia accélère l’apparition de fractures. Lorsque l’exposition au Prolia diminue, il faut s’attendre à ce que le patient présente, par rapport à son traitement, un risque plus élevé de fractures. C’est l’évolution naturelle de la maladie chez les patients atteints d’ostéoporose et les informations sur le produit ne sont pas destinées à décrire la progression naturelle de la maladie.(…) Il n’y a pas de mécanisme biologique plausible ni de raison scientifique qui permettent de penser que l’arrêt du traitement augmente uniquement les fractures multiples et pas les fractures vertébrales simples." Une position que la journaliste Lise Barnéoud déplore fortement.
376 000 fractures sont dues à l’ostéoporose
Chaque année en France, 376 000 fractures sont dues à l’ostéoporose. Avec le vieillissement de la population, on en attend plus de 500 000 en 2025. Tous les os peuvent être touchés, sauf ceux de la tête, du cou, des mains et des pieds. Les os les plus atteints par l’ostéoporose sont ceux du poignet, des vertèbres et, plus redouté, du col du fémur, car ce dernier est synonyme de 20% de mortalité à 1 an. Le nombre de décès annuels après une fracture liée à l’ostéoporose dépasse ainsi le nombre de morts par accidents de la route au sein de l'Hexagone.