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Soins de santé

Mélanome : des médecins dénoncent l'examen de grains de beauté en pharmacie

Par Mégane Fleury avec Anaïs Col

La Société française de dermatologie (SFD), la Fédération française de formation continue en dermatovénéréologie (FFFCEDV) et le Collège des enseignants en dermatologie de France (CEDEF) condamnent d'une même voix le fait que des pharmacies puissent examiner des grains de beauté.  

DAMIANGRETKA /ISTOCK

Depuis début juin, il est possible de faire examiner ses grains de beauté en pharmacieTrois officines du groupe Pharmabest y ont été habilitées, l’une à Marseille, l’autre à Alès et la dernière à Paris. Une initiative approuvée par le Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV). Bientôt, elles seront 50 à travers la France à pouvoir proposer cet examen.

Précisément, le pharmacien utilise un dermatoscope pour prendre un cliché du grain de beauté en question. Celui-ci est envoyé à la plateforme Screen Cancer, située en Alsace. Des dermatologues analysent ensuite le grain de beauté grâce à la photo. La réponse est envoyée au patient sous 15 jours. Il doit débourser 28 euros pour se faire dépister, et ajouter 14 euros par grain de beauté supplémentaire. Pour l’heure, ce dépistage n’est remboursé ni par la Sécurité sociale, ni par les mutuelles mais apparait comme une alternative aux interminables délais d'attente des dermatologues. 

Seulement "quatre dermatologues, sur 4000 en France"

Mais la Société française de dermatologie (SFD), la Fédération française de formation continue en dermatovénéréologie (FFFCEDV) et le Collège des enseignants en dermatologie de France (CEDEF) ont dénoncé dans un communiqué commun "une initiative conçue par un groupement pharmaceutique privé et ne s'appuyant que sur un tout petit nombre de dermatologues". Selon Pascal Joly, président de la SFD, seulement "quatre dermatologues, sur 4000 en France, y sont associés". "Ce dispositif, par sa taille, n'aura aucun bénéfice pour la santé publique. Pire, c'est potentiellement dangereux parce que les gens vont montrer des lésions spectaculaires or, souvent, les mélanomes n'en sont pas. Ils risquent d'être faussement rassurés".

Le SNDV nuance pourtant la démarche des pharmacies. "Il ne s'agit pas de diagnostiquer ni de dépister, mais de donner son avis sur la lésion qui inquiète et, surtout, d'inciter à se faire dépister dans un cabinet de dermatologue", explique Marc Perrussel, son vice-président. "Le message qui sera envoyé sera de dire: montrez la totalité de votre épiderme à un médecin car c'est très important de le faire". En France, chaque année, 10 000 nouveaux cas de mélanome sont diagnostiqués. Dans la moitié des cas, les malades sont âgés de plus de cinquante ans. C’est le plus grave des cancers de la peau car il peut rapidement produire des métastases. Lorsqu’il est dépisté suffisamment tôt, il peut-être très bien traité et soigné.

Une extension des services proposés par les pharmacies 

Cette nouveauté fait partie d’un mouvement de diversification des pharmacies. En juillet prochain, un arrêté doit être publié au Journal Officiel pour déterminer quelles missions peuvent effectuer les officines. Depuis 2017, il est possible de se faire vacciner contre la grippe dans certaines d'entre elles en Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle Aquitaine. Il suffit de présenter au pharmacien un bon de vaccination ou une ordonnance fournie par le médecin.

En France, on compte plus de 21 000 pharmacies, mais depuis quelques années, la profession est secouée par de nombreuses fermetures. En cinq ans, plus de 900 établissements ont fermé leurs portes. Ces difficultés renforcent la nécessité de se diversifier pour les pharmaciens.