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Justice-santé

Pétitions anti-vaccins : la radiation du Professeur Joyeux annulée en appel

Par Barbara Azaïs

Le Professeur Joyeux, figure de l'anti-vaccination, a été jugé en appel par la chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins pour avoir publié sur Internet deux pétitions anti-vaccins en 2014 et 2015.

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"Je ne suis pas du tout radié, je n'ai pas de blâme. Ça veut dire quoi? Ça veut dire que j'ai raison!", s'est entêté le Professeur Joyeux auprès d'un journaliste de l'AFP à l'issu du verdict. La chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins a en effet jugé mardi, que les propos anti-vaccins du médecin "n'excédaient pas le principe de la liberté d'expression". De fait, la plainte déposée contre lui par le Conseil national de l'Ordre des médecins a été rejetée. Jugée "pas suffisamment motivée", sa radiation prononcée en première instance le 8 juillet 2016 par la chambre disciplinaire du Languedoc-Roussillon a également été annulée.

Deux pétitions en ligne anti-vaccins

A l'origine de cette affaire ? Deux pétitions anti-vaccins mises en ligne en septembre 2014 et mai 2015. La première contestait une recommandation du Haut conseil de la santé publique, jamais suivie par le gouvernement, préconisant d'abaisser de 11 à 9 ans l'âge de la vaccination contre le papillomavirus pour les filles. Mais cette missive "participe de la liberté laissée à tout individu dans un État démocratique d'exprimer son opinion sur un sujet qui le concerne", a estimé la chambre disciplinaire nationale.

La seconde pétition dénonçait le remplacement du vaccin DTPolio trivalent (protégeant contre la diphtérie, le tétanos et la polio) par un vaccin hexavalent (protégeant contre six affections) et pointait principalement la présence d'aluminium, dont les dangers n'ont jamais été démontrés scientifiquement. "La toxicité de l'aluminium comme adjuvant et la dangerosité du vaccin contre l'hépatite B font l'objet depuis plusieurs années de controverses nourries", a relevé l'instance d'appel. Cité comme référence par les anti-vaccins, le médecin de 72 ans est aujourd'hui contesté par une large partie de la communauté médicale.

11 vaccins obligatoires

Quoi qu'on en pense, 11 vaccins sont désormais obligatoires pour les nouveaux-nés depuis janvier dernier. Les vaccinations déjà obligatoires comme celles contre le tétanos, la diphtérie ou la poliomyélite figurent désormais au côté de huit autres nouveaux vaccins, "antérieurement recommandés" mais devenus maintenant obligatoires : ceux contre les méningites dues à l'Haemophilus influenzae de type b ou au méningocoque C, la coqueluche, l'hépatite B, les infections à pneumocoque et le vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole). 

Ces 11 vaccins doivent être administrés (sauf en cas de contre-indication médicale reconnue) dans les 18 premiers mois de l’enfant. Ils peuvent "être exigibles pour l’entrée ou le maintien en collectivité à partir du 1er juin 2018" pour les enfants nés en 2018, stipule le ministère. Le code de santé publique prévoit qu’un enfant soit admissible provisoirement lorsqu’une ou plusieurs vaccinations ne lui ont pas été administrées. Les parents bénéficient alors d’un délai de trois mois pour le faire vacciner. Mais qu’ils soient pro ou anti-vaccins, ces 11 vaccinations sont désormais obligatoires.

L'intérêt de la vaccination

Il existe un seuil minimum de la couverture vaccinale pour qu’une "protection de groupe" fonctionne chez ceux qui ne peuvent pas être vaccinés (nouveau-nés, immunodéprimés…). Ce seuil dépend de la contagiosité de la maladie. En France, avec une couverture vaccinale de près de 97 % pour la diphtérie, on dépasse le seuil pour l’immunité de groupe et c’est donc toute la communauté nationale qui est protégée, y compris en cas d’infection apportée par un migrant. De la même façon, les infections à Haemophilus influenzae b de l’enfant, la rubéole ou les oreillons ont presque été éliminés dans le pays parce que les taux de couverture de leurs vaccins dépassent le seuil d’immunité de groupe pour ces 3 maladies.

En revanche, le niveau actuel de couverture vaccinale contre la rougeole (79 %) reste insuffisant pour permettre une immunité de groupe (seuil d’immunité de groupe = 94 %), et on assiste donc à des résurgences épidémiques de la maladie de grande ampleur : plus de 23 000 cas déclarés en France entre 2008 et 2012, plus de 1500 pneumonies graves et plus de 30 encéphalites avec 10 décès). De la même façon, la couverture insuffisante avec le vaccin contre la méningite C (70 % à l’âge de 2 ans, mais faible chez les adolescents et les jeunes adultes) est responsable de la majorité des près de 800 cas et 100 décès survenus depuis 2011.