Dans des études précliniques menées par des scientifiques du VCU Massey Cancer Center, un médicament expérimental combiné à des radiations est parvenu à tuer des tumeurs cérébrales. Connu sous le nom de "AZ32", le nouveau traitement sensibilise les tumeurs cérébrales aux rayonnements, y compris dans le cas du glioblastome humain multiforme (GBM). Le glioblastome multiforme ou glioblastome, également connu sous le nom "d'astrocytome de grade 4", est la tumeur primitive du cerveau la plus fréquente et la plus agressive.
Le taux de survie au GBM est très faible
Le traitement peut comprendre de la chimiothérapie, de la radiothérapie et de la chirurgie, mais ces mesures sont considérées comme palliatives, c'est-à-dire qu'elles ne permettent pas la guérison. L'espérance de vie à cinq ans de cette maladie a peu évolué ces trente dernières années, et ne dépasse pas les 10%. Même avec une résection chirurgicale complète de la tumeur, combinée aux meilleurs traitements disponibles, le taux de survie au GBM reste très faible.
L'essai a évalué 132 patients atteints de GBM, pris en charge dans sept centres médicaux, anglais ou américains. La radiothérapie est le traitement de première ligne pour le GBM ; cependant, les cellules souches de glioblastome sont souvent capables de résister aux dommages causés par la radiation à l’ADN. En inhibant l'ATM, ou ataxie télangiectasie mutée*, l'AZ32 perturbe le processus par lequel les cellules cancéreuses du cerveau résistent aux rayonnements tout en épargnant et en protégeant les tissus sains du cerveau.
"Rendre les cellules cancéreuses du cerveau et les tumeurs sensibles aux rayonnements"
"En 2009 et 2013, nous avons été les premiers à démontrer qu'un inhibiteur de l’ATM pouvait rendre les cellules cancéreuses du cerveau et les tumeurs sensibles aux rayonnements", explique le docteur Kristoffer Valerie, membre du programme de recherche Developmental Therapeutics de Massey, en référence à ses recherches antérieures publiées dans Molecular Cancer Therapeutics and Clinical Cancer Research. "Cette fois, avec l'AZ32, nous avons utilisé un inhibiteur d’ATM qui pénètre la barrière hémato-encéphalique. La combinaison de l'AZ32 et du rayonnement a été très efficace contre les cellules GBM avec des versions mutantes du gène suppresseur de tumeur p53, qui agit normalement pour promouvoir la résistance au rayonnement", décrit-il.
Jusqu'à 80% des patients souffrant d’une GBM ont un cancer avec un gène suppresseur de tumeur p53 mutant ou dysfonctionnel. "Nous sommes enthousiastes à l'idée de traduire ces résultats en essais cliniques et, espérons-le, d'offrir des thérapies plus efficaces à des patients qui n'ont généralement pas de bons résultats", conclut Kristoffer Valerie.
Deuxième cancer le plus fréquent après les leucémies
Le cancer du cerveau, ou tumeur cérébrale, correspond à l’apparition d’une masse de cellules anormales, se multipliant dans le cerveau de façon incontrôlée. Ce type de cancer se situe au 16ème rang des cancers en termes d’incidence. L’incidence estimée en France en 2015 est de 5 427 cas, dont 56 % affectant les hommes. Les taux annuels pour 100 000 personnes sont de 6,7 chez l’homme et de 4,5 chez la femme, soit un rapport hommes/femmes de 1,5. Ces taux sont en augmentation, notamment pour les tumeurs survenant chez les personnes âgées. Chez l’enfant, il s’agit du deuxième cancer le plus fréquent après les leucémies.
*Enzyme qui facilite la réparation des dommages à l'ADN dans les cellules.