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Manifestation sexuées

Gonorrhée : la manifestation de la blennorragie varie selon le sexe de la personne infectée

D'après une nouvelle étude américaine, la gonorrhée ne se manifeste pas de la même façon chez les femmes que chez les hommes. Ces derniers seraient d'ailleurs plus résistants aux antibiotiques. 

Gonorrhée : la manifestation de la blennorragie varie selon le sexe de la personne infectée andriano_cz/iStcok




Chaque année, la gonorrhée, ou blennorragie, touche 78 millions de personnes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé. Si cette infection sexuelle se manifeste le plus souvent de manière visible chez l’homme, chez les femmes, il n'y a pas de symptômes apparents dans la plupart des cas. D’après une nouvelle étude américaine parue mercredi 27 juin dans la revue mSphère, cela s’expliquerait car la même souche de gonorrhée se manifeste différemment dans l’ADN selon le sexe du patient. Cette découverte pourrait aider à mieux lutter contre la résistance de plus en plus importante de la maladie aux antibiotiques.

La blennorragie chez les femmes 

Alors que jusqu’ici les études s’étaient concentrées sur l’expression de l’infection chez les souris et les hommes, celle-ci a également pris en compte les femmes. "Nous étions intéressés à l’idée d’étudier la blennorragie chez les elles car, contrairement aux hommes, elles n’ont pas de symptômes", explique la leader de l’étude, Caroline A.Genco, de l’Université Tufts de Médecine de Boston, dans une interview à CIDRAP News. "Mais elles peuvent transmettre la maladie à un partenaire et leur infection peut entraîner une inflammation du pelvis ou même une grossesse extra-utérine", précise-t-elle.  

Pour comprendre la blennorragie chez les deux sexes, les chercheurs ont étudié les manifestations de la maladie chez des sujets traités pour des infections sexuelles en Chine. Pourquoi ce pays-là ? "Aux Etats-Unis, les gens atteints de blennorragie ont tendance à être jeunes et à avoir beaucoup de partenaires sexuels mais en Chine, ce sont généralement des hommes qui ont attrapé la maladie car ils ont eu une maîtresse ou recours à une prostituée et ils transmettent ensuite l’infection à leur femme monogame", explique Caroline A.Genco. La Chine est également connue pour son fort taux de résistance antibiotique dans le traitement de la blennorragie. Car, alors qu’auparavant, la maladie avait tendance à disparaître à la suite d’un traitement antibiotique, les scientifiques ont assisté à une émergence de souches de Neisseria gonorrhoeae résistantes aux antimicrobiens au cours de la dernière décennie.

Caroline A.Genco et ses collègues ont donc collecté des échantillons chez six hommes se rendant à la clinique pour des symptômes de la blennorragie et chez sept femmes qui y allaient après avoir appris le diagnostic de leur partenaire. Bien que l’étude soit minime, les résultats apparaissent clairement : les analyses ADN établissent que 9,4% des gènes gonococciques provoquent des symptômes apparents chez les hommes, alors que c'est le cas chez seulement 4,3% des femmes. Par ailleurs, si les deux sexes montrent des génotypes résistants aux antibiotiques similaires, les chercheurs ont remarqué une expression de ces gènes quatre fois plus élevée chez les hommes. 

Un traitement adapté en fonction du sexe du patient ? 

"Pour la première fois nous voyons l’expression des gènes durant l’infection chez les hommes et leurs partenaires qui ne présentent pas de symptômes", explique Caroline A.Genco. "Nous avons découvert que quand les bactéries infectent les hommes, un gène d’expression différent se met en place de celui des femmes. Quand vous considérez à quel point ces deux hôtes sont fondamentalement différents, cela fait sens", détaille-t-elle. Et d’avancer : "Il y a des implications cliniques : les femmes qui n’ont pas de symptômes pourraient être traitées de manière plus efficace par les antibiotiques que les hommes. Ce qui veut dire que nous pouvons peut-être adapter le traitement en fonction du sexe du patient".   

Afin d’aller plus loin, une étude plus large, regroupant une centaine de personnes, est actuellement en train de se mettre en place, précise Caroline A. Genco, ajoutant qu’il faudrait également étudier la flore vaginale et le microbiome des femmes, qui peuvent avoir des propriétés protectrices contre la gonorrhée.

La "chaude-pisse"

La blennorragie, vulgairement appelée maladie de la "chaude-pisse", est une infection des organes génito-urinaires qui se transmet dans le cadre de relations sexuelles par contacts buccogénitaux, vaginaux et anaux. La période d'incubation est habituellement de deux à sept jours. Chez l’homme, l’infection se manifeste par un écoulement de liquide purulent blanchâtre ou jaunâtre au niveau de l'urètre, et des brûlures très intenses quand le patient urine.

Chez les femmes en revanche, comme expliqué lors de l'étude présentée ci-dessus, les symptômes sont souvent peu intenses, ce qui retarde le plus souvent le diagnostic. Or, en l’absence de traitement, la maladie peut s’empirer et entraîner des complications, notamment une possible stérilité. Par ailleurs, une femme enceinte infectée peut transmettre la maladie à son nouveau-né au moment de l’accouchement. Chez les hommes, une infection non traitée engendre parfois une infection de la prostate ou des testicules.

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