Les six Académies des Sciences, d'Agriculture de France, nationale de chirurgie-dentaire, nationale de médecine, nationale de Pharmacie et Vétérinaire de France s'insurgent du verdict de la chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins, qui le 26 juin, a décrété que les propos anti-vaccins du Professeur Henri Joyeux "n'excédaient pas le principe de la liberté d'expression". De fait, la plainte déposée contre lui par le Conseil national de l'Ordre des médecins a été rejetée. Jugée "pas suffisamment motivée", sa radiation prononcée en première instance le 8 juillet 2016 par la chambre disciplinaire du Languedoc-Roussillon a également été annulée.
"Dans leur devoir de protection de la santé des populations", les Académies "déclarent solennellement que la liberté d'expression a des limites et qu'elle n'excuse en rien les allégations irresponsables de certains professionnels de santé". Dans un mail commun envoyé à Pourquoi Docteur, elles "s'insurgent des propos d'Henri Joyeux qui, se prévalant de la levée de sa radiation du Conseil National de l'Ordre des Médecins, prétend 'qu'il a raison' concernant ses positions sur la vaccination. Ces positions sont d'autant plus scandaleuses que les couvertures vaccinales restant insuffisantes en France, des risques épidémiques perdurent".
L'origine des pétitions anti-vaccins
A l'origine de cette affaire ? Deux pétitions anti-vaccins mises en ligne en septembre 2014 et mai 2015. La première contestait une recommandation du Haut conseil de la santé publique, jamais suivie par le gouvernement, préconisant d'abaisser de 11 à 9 ans l'âge de la vaccination contre le papillomavirus pour les filles. Mais cette missive "participe de la liberté laissée à tout individu dans un État démocratique d'exprimer son opinion sur un sujet qui le concerne", a estimé la chambre disciplinaire nationale.
La seconde pétition dénonçait le remplacement du vaccin DTPolio trivalent (protégeant contre la diphtérie, le tétanos et la polio) par un vaccin hexavalent (protégeant contre six affections) et pointait principalement la présence d'aluminium, dont les dangers n'ont jamais été démontrés scientifiquement. "La toxicité de l'aluminium comme adjuvant et la dangerosité du vaccin contre l'hépatite B font l'objet depuis plusieurs années de controverses nourries", a relevé l'instance d'appel.
Cité comme référence par les anti-vaccins, le médecin de 72 ans est aujourd'hui contesté par une large partie de la communauté médicale. "Je ne suis pas du tout radié, je n'ai pas de blâme. Ça veut dire quoi? Ça veut dire que j'ai raison!", s'est cependant entêté le Professeur Joyeux auprès d'un journaliste de l'AFP à l'issu du verdict. Mais comme l'ont conclu les six Académies : "l'actualité rappelle que la rougeole peut tuer !"