En France, l’alcool est la substance psychoactive la plus consommée : un Français âgé de 15 ans ou plus consomme 12 litres pur par an, selon l'OFDT. Si ces derniers se distinguent par des consommations moins régulières que leurs aînés, elles restent plus excessives. En témoigne l'effervescence autour du binge-drinking.
Selon l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJE), "parmi les 18-25 ans, de 2005 à 2014, la proportion de personnes ayant connu une ivresse dans l’année est passée de 33 % à 46 %, et la part de celles en ayant connu au moins trois a presque doublé, passant de 15 % à 29 %. Les hausses observées entre 2010 et 2014 ne sont pas significatives parmi les jeunes hommes, alors qu’elles le demeurent parmi les jeunes femmes, en particulier les étudiantes".
Une diminution de la matière grise dans le cerveau
Pourtant, une étude menée par l'Université de l'Est de la Finlande avance que la consommation d'alcool chez les adolescents est associée à des changements dans le profil des métabolites, un tissu du métabolisme. "Par exemple, les adolescents qui boivent beaucoup ont montré des concentrations accrues de 1-méthylhistamine, qui est associée à un volume réduit de matière grise dans le cerveau", explique Noora Heikkinen, chercheurs à l'Université de Finlande orientale. A titre indicatif, la matière grise du cerveau contient les corps cellulaires des cellules nerveuses (neurones).
La 1-méthylhistamine se forme dans le cerveau à partir de l'histamine, une molécule sécrétée par certaines cellules de l'organisme. "Nos résultats suggèrent que la production d'histamine est élevée dans le cerveau des adolescents qui boivent beaucoup. Le savoir peut aider à développer des méthodes pour détecter très tôt les effets indésirables causés par l'alcool et contribuer également à la création de nouveaux traitements pour atténuer ces effets indésirables."
L'effet néfaste d'une consommation modérée
Pour mener cette étude, les chercheurs ont suivi des adolescents vivant dans l'est de la Finlande pendant 10 ans. Ils ont déterminé leur profil métabolique et ont utilisé l'IRM pour mesurer leurs volumes de matière grise cérébrale. Ces deux méthodes n'avaient encore jamais été utilisées en association auparavant, bien que des études antérieures aient déjà montré un lien entre une consommation excessive d'alcool et des modifications du profil des métabolites.
"Ce qui est nouveau et significatif dans notre étude, c'est que nous avons observé des changements dans le profil métabolique chez des jeunes qui ont consommé de l'alcool à un niveau socialement acceptable, et qu'aucun des participants à l'étude ne souffrait d'alcoolo-dépendance". En somme, même une consommation d'alcool modérée entraine des changements dans le métabolisme des jeunes.