La toxicomanie désigne une dépendance physique et/ou psychologique à une ou plusieurs substances chimiques, souvent nocives. L'Organisation mondiale de la santé (OMS), caractérise la toxicomanie par quatre éléments : une envie irrépressible de consommer un produit, la tendance à augmenter les doses, une dépendance psychologique et parfois physique, et des conséquences néfastes sur la vie quotidienne, économique et sociale.
Selon le dernier rapport de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), la France compte 47 millions d'expérimentateurs d'alcool, dont 5 millions d'usagers quotidiens, 14 millions de fumeurs, 1,4 millions de consommateurs de cannabis réguliers, 2,2 millions d'expérimentateurs de cocaïne, 1,7 millions d'ecstasy et 600 000 d'héroïne. On compte environ 27 millions de toxicomanes dans le monde, soit plus que la population d'un pays comme l'Australie.
Source : Rapport 2017 de l'OFDT
Bouleversement de la chimie cérébrale
Un nouveau traitement mis au point par des chercheurs de l'Université du Texas à Galveston, aux Etats-Unis pourrait aider à inverser les déséquilibres chimiques causés au cerveau par l'usage habituel de drogues et pourrait un jour, aider les toxicomanes à se rétablir. Leurs résultats ont été publiés dans le Journal of Medicinal Chemistry.
Lorsqu'une personne à l'habitude de consommer de la drogue, sa chimie cérébrale est modifiée de telle sorte qu'il lui est plus difficile d'arrêter d'en consommer malgré des conséquences négatives. Une fois qu'elle a développé ce trouble du cerveau, son esprit accorde une attention plus marquée aux indices qui encouragent la consommation de drogues, ce qui rend plus difficile pour elle de s'abstenir. La sérotonine, un neurotransmetteur (c'est-à-dire une substance qui permet de transmettre l'influx nerveux entre les neurones), joue un rôle clé dans ces changements et aucun médicament ne peut à ce jour, corriger ce déséquilibre chimique.
La sérotonine, clé du sevrage ?
Les professeurs de pharmacologie et de toxicologie de l'UTMB, Jia Zhou, Kathryn Cunningham et leurs collègues ont découvert que les récepteurs de la sérotonine chez les toxicomanes ne fonctionnent pas aussi bien qu'ils le devraient. Ils ont alors conçu, synthétisé et évalué une série de petites molécules thérapeutiques pour restaurer la signalisation. Pour tester leur traitement, ils ont entraîné des rats à appuyer sur un levier afin de recevoir de la cocaïne par perfusion. Une fois que les rongeurs avaient mémorisé ce geste, la moitié d'entre eux a reçu le traitement et l'autre moitié, une solution saline.
Résultat : les rongeurs traités avec le nouveau médicament ont pressé le levier beaucoup moins souvent que ceux traités avec la solution saline. "Nous sommes les premiers à montrer qu'un récepteur de la sérotonine peut être utilisé avec succès pour diminuer les comportements de recherche de drogue", explique Kathryn Cunningham, directrice du Centre for Addiction Research de l'UTMB.
"Nos découvertes sont particulièrement excitantes car, en plus d'aider un jour les gens à se remettre de la toxicomanie, le fonctionnement altéré du récepteur de la sérotonine contribuerait également à solutionner d'autres problèmes de santé chroniques comme la dépression, les troubles de l'impulsivité, l'obésité et la schizophrénie". Et Jia Zhou de conclure : "Nous attendons avec impatience le moment où nous pourrons commencer des essais cliniques afin que ce traitement puisse aider les gens à se libérer de la toxicomanie et d'autres problèmes de santé."