Le patron d’Apple Steve Jobs* aurait-il été aussi visionnaire s’il n’avait pas consommé de LSD ? Probablement pas, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Cell Reports. La consommation de drogues psychédéliques* permettrait de développer de nouvelles connexions des neurones dans le cerveau.
Les chercheurs ont mis en évidence que le DOI (amphétamine), le DMT (diméthyltryptamine) et le LSD (diéthylamide) pouvaient modifier les cellules cérébrales des rats et des mouches, rendant les neurones plus susceptibles de se ramifier et de se connecter les uns aux autres. Leurs travaux appuient la théorie selon laquelle ces produits pourraient aider à combattre la dépression, l'anxiété, la toxicomanie et le syndrome de stress post-traumatique.
"L'une des caractéristiques de la dépression est que les neurites du cortex préfrontal - une région clé du cerveau qui régule les émotions, l'humeur et l'anxiété - ont tendance à se ratatiner", explique David E. Olson, auteur de la recherche. Ces changements cérébraux apparaissent également dans les cas d'anxiété, de toxicomanie et de stress post-traumatique. Le neurite est une fibre nerveuse constituant le prolongement du neurone en cours de formation.
"Les psychotropes ne peuvent pas être utilisés tels quels"
L’équipe n’a pas testé les substances sur les humains, mais estime que les mécanismes biologiques qui répondent aux psychédéliques sont presque les mêmes d’une espèce à une autre. "Il est évident que les psychotropes ne peuvent pas être utilisés tels quels dans les soins psychiatriques, notamment à cause de leur pouvoir hallucinogène", précise David E. Olson. "Néanmoins, étudier leurs composants de plus près ferait surement progresser la recherche en la matière".
Une équipe de l’Imperial College de Londres (Royaume-Uni) avait déjà étudié le cerveau d’humains ayant ingéré du LSD. 20 volontaires ayant déjà consommé ces substances ont été sélectionnés pour cette recherche, publiée dans la revue PNAS. L’équipe du Dr Carhart-Harris a demandé à un groupe d’avaler soit un placebo, soit 75 mg du LSD. Le cerveau des participants a ensuite été étudié par IRM et magnétoencéphalographie, qui permettent d’analyser les champs magnétiques émis par les neurones. "Normalement, notre cerveau fonctionne grâce à des réseaux indépendants responsables d’une fonction spécifique comme la vue, le mouvement ou l’ouïe. Mais sous LSD, cette séparation s’écroule et est remplacée par un réseau plus unifié", conclut le Dr Carhart-Harris.
*Dans sa biographie officielle, Steve Jobs confie : "prendre du LSD fut une époque magique de ma vie".
*Cette article est informatif et ne consiste en aucun cas à recommander l'usage de drogues à nos lecteurs. Leur consommation constitue un délit et est fortement déconseillée pour la santé.