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Etude américaine

La dimension spirituelle aide les malades en fin de vie

Par Afsané Sabouhi

Selon une étude américaine, apporter un soutien spirituel aux patients atteints de cancer avancé qui le désirent réduit le recours aux traitements agressifs.

JDD/SIPA

Une équipe de cancérologues de Boston aux Etats-Unis a observé que lorsqu’un soutien spirituel était apporté à des malades en phase terminale de cancer, ils subissaient moins d’interventions et de traitements agressifs. De ce fait, leur mortalité en soins intensifs se trouvait également réduite.

Pour le Dr Vincent Morel, président de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), ce type d’études, particulièrement rares en France, plaide pour une plus grande prise en compte de la dimension spirituelle, religieuse ou non, des malades en fin de vie. Si la première des priorités reste le soulagement de la souffrance physique, la prise en charge en soins palliatifs se veut plus globale, en accompagnant aussi la personne sur le plan social et spirituel. « Notre objectif est que la personne se sente le mieux possible pour pouvoir vivre et donner du sens à ses derniers instants, explique Vincent Morel, qui dirige l'équipe mobile d'accompagnement et de soins palliatifs du CHU de Rennes. L’approche de la mort pousse en effet très souvent les malades à s’interroger sur le sens qu’ils ont donné à leur vie et ils sont souvent très ouverts au dialogue sur ces questions touchant à leur propre spiritualité.»

Bien que formés à cet aspect non médical de la prise en charge en soins palliatifs, les soignants sont souvent gênés d’aborder cette question. « Nous avons une pudeur beaucoup plus marquée que les Nord-Américains vis-à-vis du culte. Les soignants ont une certaine réticence à poser ouvertement cette question intime à un malade », explique Vincent Morel.

Une fois la question posée et si le patient le désire, l’équipe peut s’appuyer sur les aumôniers. Cinq religions sont présentes à l’hôpital : le catholicisme, le protestantisme, le judaïsme, l’islam et depuis mars 2013, le bouddhisme. Les ministres d’autres cultes peuvent également être sollicités ponctuellement. « A condition qu’elle ne soit pas imposée, proposer une présence religieuse à un malade en fin de vie n’entre absolument pas en conflit avec la laïcité de l’hôpital public », assure le Dr Morel.

Il serait d’ailleurs probablement souhaitable de ne pas attendre les derniers jours de vie pour aborder cette question de la spiritualité. « A la seconde où vous prononcez le mot cancer face à un patient, la question de la mort surgit dans sa tête. Pourquoi attendre si longtemps avant de lui proposer d’en parler ? », interroge Vincent Morel.
Comme les soins palliatifs, l’accompagnement spirituel et religieux des malades est souvent appelé par le corps médical en ultime recours. « On nous voit encore trop souvent comme des oiseaux de mauvaise augure, reconnaît le spécialiste. Pourtant, en mettant en place des soins palliatifs plus précocement dans la prise en charge, par exemple dès qu’on détecte des métastases chez un patient atteint de cancer, on augmente sa durée de vie ». Malgré les apparences, les soins palliatifs ne sont donc pas mortels.