Les chercheurs en cancérologie distinguent les tumeurs dites "chaudes" et les tumeurs dites "froides". Les tumeurs "chaudes" sont les tumeurs provoquées par l’environnement (cancer de la peau ou des poumons par exemple). Elles émettent une quantité inhabituelle de protéines. Les tumeurs cancéreuses "froides" sont celles qui apparaissent suite à une mutation génétique (cancers héréditaires). Elles produisent une quantité de protéines normale.
"Chaque tumeur est différente"
Les tumeurs dites "chaudes" sont souvent plus sensibles à l'immunothérapie que les tumeurs "froides", sans que les chercheurs n’arrivent jusqu’ici à expliquer pourquoi. Une nouvelle étude, publiée dans Immunity, s’est donc fixé comme objectif de percer les mystères de "l'hétérogénéité tumorale", c'est-à-dire la capacité d'une cellule cancéreuse à se déplacer, à se répliquer, à se métastaser et à répondre à un traitement. "Chaque tumeur est différente, donc nous étudions comment utiliser la biologie des cellules tumorales pour traiter plus de patients cancéreux", explique l'auteur principal de l'étude Ben Stanger, professeur de gastroentérologie et de biologie à la Perelman School of Medicine (Pennsylvanie).
L’équipe du Penn Medicine's Abramson Cancer Center (ACC) a ainsi découvert que le caractère "chaud" ou "froid" d'une tumeur est déterminé par une information intégrée dans les cellules cancéreuses elles-mêmes. "Les facteurs intrinsèques aux cellules tumorales façonnent le microenvironnement immunitaire de la tumeur et influencent les résultats de l'immunothérapie", indiquent les chercheurs. Ils précisent : "nous avons aussi identifié que les cellules tumorales froides fabriquent un composé appelé CXCL1, qui finit par entraîner une insensibilité à l'immunothérapie".
Plus sensibles à l'immunothérapie
En éliminant le CXCL1 des tumeurs froides, les scientifiques ont réussi à transformer "des tumeurs froides" en "tumeurs chaudes" chez des souris. Cela les a rendu plus sensibles à l'immunothérapie, et donc, à terme, a amélioré leur taux de survie. Aucune des souris atteintes de tumeurs froides n’ont pu guérir de leur cancer malgré la réception d’une combinaison de chimiothérapie et d'immunothérapie. En revanche, sur les 26 souris porteuses de tumeurs chaudes suivant le même traitement, 20 ont survécu jusqu'à plus de six mois.
Les souris étaient toutes atteintes d'un cancer du pancréas. Néanmoins, cette découverte biologique porte l'espoir d'une amélioration des taux de survie pour l'ensemble des patients atteints d'une tumeur cancéreuse froide, donc de cancers d'origine génétique/héréditaire. Les cancers héréditaires regroupent : certains cancers du sein et des ovaires; la polypose adénomateuse familiale colique (PAF); le syndrome de von Hippel-Lindau; des cancers de la peau très précoces; le cancer médullaire de la thyroïde.