Grandir dans une famille homoparentale nuirait à l’intérêt de l’enfant, selon les opposants à l’adoption pour les couples homosexuels, à la PMA et à la GPA. Une étude vient contredire leurs arguments : les enfants élevés dans des familles homoparentales vont aussi bien que les enfants de familles hétéroparentales. Les résultats ont été publiés dans le Journal of Developmental Behavorial Pediatrics.
Une étude basée sur un questionnaire
Pour mener cette recherche, les scientifiques ont créé trois groupes : 70 hommes gays dont les enfants étaient nés de mères porteuses, 125 mères lesbiennes qui ont eu des enfants grâce à des dons de sperme et 195 couples hétérosexuels qui ont eu des enfants par conception spontanée. Les enfants étaient âgés de 3 à 11 ans. Les résultats sont basés sur les réponses des parents à des questionnaires : "quelles sont les forces et les faiblesses de l’enfant ?", "Comment se comportent-il ?", "Considérez-vous que vous réussissez à être un bon parent ?", "Est-ce que les choses se passent bien dans votre famille ?", Les réponses récoltées montrent que les enfants de couples homosexuels avaient moins de problèmes psychologiques que les enfants de couples hétérosexuels. Les hommes gays étaient plus nombreux à se décrire heureux de leur couple et compétents que les couples hétérosexuels. La flexibilité et la cohésion familiale étaient aussi plus fortes chez ces derniers que dans les deux autres groupes. Les chercheurs n’ont constaté aucun lien entre le type de famille et la santé de l’enfant.
En 2017, une étude a rassemblé les données de 79 recherches menées sur le sujet. 95 % d’entre elles montraient qu’il n’y avait aucune différence dans le développement social, émotionnel et éducationnel des enfants, qu’ils aient grandi dans une famille hétérosexuelle ou dans une famille homosexuelle.
"Je n'ai jamais ressenti de manque"
Depuis les débats sur le mariage homosexuel, de nombreux témoignages d’enfants de parents homosexuels ont été publiés. Sur le site Stop Homophobie, François, 27 ans, raconte son histoire. Il a grandi entouré de deux mamans qui l’ont prévenu des préjugés auxquels il allait être confronté : "elles m’ont fait savoir qu’on était différents, mais que ce n’était pas grave, parce qu’on s’aimait. C’est avec cette idée-là que je me promenais et c’était ça mon outillage." François a grandi entouré de figures masculines : un oncle, un parrain et des grands-pères. "Je les voyais souvent et je n’ai jamais ressenti de manque. Je ne veux rien dénigrer, mais je ne vois pas ce qu’un père aurait pu m’apprendre de plus", explique-t-il.
Louise, 27 ans aussi, s’est confiée aux Inrockuptibles en 2013. Le fait d’avoir deux mamans n’a jamais été un problème pour elle : "je n’ai jamais eu de retour négatif sur le fait que mes parents soient homosexuels. Même à l’école, il n’y avait pas de gêne chez mes camarades, donc je ne me suis jamais posé plus de questions que ça sur la 'normalité' de ma situation."
La persistance de l’homophobie
En 2017, SOS homophobie a recueilli 4,8 % de témoignages de victimes d’actes homophobes en plus par rapport à l’année précédente. En 2016, ce nombre avait déjà augmenté de 19,5 %. Selon la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, 1026 infractions à caractère homophobe ou transphobe ont été enregistrées en 2016.