La santé avance à toute vitesse. Le plus grand congrès mondial en cancérologie, celui de l’American Society Of Clinical Oncology (ASCO) qui s’est tenu du 1er au 5 juin 2018 à Chicago, est à lui seul porteur de beaucoup d’espoir. On sait aujourd’hui traiter le cancer avec des médicaments qui apportent des améliorations spectaculaires de l’état de santé des patients, qui prolongent ou assurent leur survie. Mais ces traitement innovants, issus de recherches incessantes et de la mise en œuvre des techniques les plus pointues, coûtent cher, très cher.
Notre système de santé s’est donné des moyens pour faire face à ce phénomène de l'innovation efficace mais coûteuse. Les agences, européenne et française, qui délivrent les autorisations de mise sur le marché pour les médicaments acceptent de privilégier l’efficacité par rapport aux risques afin d’accélérer la mise à disposition de ces produits pour ceux qui souffrent et dont les vies sont en péril. En France, un dispositif encadré par le gouvernement, la "liste en sus", permet même aux hôpitaux de bénéficier du remboursement de certains de ces produits dont le coût est supérieur au forfait de prise en charge des malades.
"Cancer : Innovation thérapeutique ou perte de chance ?"
Mais il y a des failles. La rédaction de Pourquoi Docteur a été alertée sur un cas poignant, celui d’une femme atteinte d’un cancer et sauvée, après l’échec d’une chimiothérapie, par l'immunothérapie… traitement dont le remboursement doit s’interrompre et qui ne pourra plus être prescrit d’ici quelques semaines ! Après l’espoir, l’incompréhension, voire la colère habitent aujourd’hui cette patiente qui apporte un témoignage bouleversant. C’est ce qui a motivé les équipes de Pourquoi Docteur et de Fréquence Médicale dans le choix du thème "Cancer : Innovation thérapeutique ou perte de chance ?" pour cette première émission "La Santé en Questions".
Peut-on priver les malades de tout ce qui peut les aider à mieux vivre ou à guérir parce que le coût de ces soins est trop lourd pour notre système de prise en charge ? L’objet n’est pas de dénoncer, de désigner des responsables ou des coupables. Fidèles à leur ligne éditoriale, "comprendre pour agir", les rédactions de Pourquoi Docteur et Fréquence Médicale exposent des faits, donnent la parole aux patients, aux médecins, aux responsables de la Santé, pointent des dysfonctionnements sans doute évitables afin d’ouvrir un débat indispensable.
Notre système de santé vaut bien un tel débat. Réputé et apprécié, il ne peut pas se permettre de priver ses praticiens de tous les moyens pour réussir au cœur de leur mission, soigner et sauver des vies. La France ne peut pas accepter le retard qu’elle est en train de prendre dans ce domaine par rapport à ses voisins européens. Elle ne peut pas laisser s’installer un système à deux vitesses où les privilégiés pourraient bénéficier ailleurs de soins que l’on ne peut pas leur dispenser ici. Personne ne pourrait comprendre que l’accès de tous les patients au meilleur de ce que la médecine peut leur apporter ne soit pas au cœur de l’idée française d’égalité et de justice.