Rester fidèle à son médecin permettrait-il de vivre plus vieux ? Posée comme ça, la question paraît un peu caricaturale. C’est pourtant ce qu’ont cherché à savoir des chercheurs de l’université d’Exeter, en Angleterre, dans un article publié il y a peu dans BMJ Open. Et la réponse semble être positive.
Les chercheurs ont passé en revue les publications des 20 dernières années, pour conserver les 22 études, européennes ou nord-américaines pour la plupart, qui s’intéressaient au lien entre mortalité et continuité des soins. Le concept de continuité des soins est ici à entendre en un sens bien précis : c’est le fait de consulter régulièrement le même médecin, plutôt que de changer de praticien au gré du vent. En un mot, rester fidèle à son médecin (et vice versa).
Infidèle jusqu’à la mort
En dépit de la diversité des études retenues, il s’est avéré que la grande majorité (82%) rapportaient une réduction significative de la mortalité des patients ayant une relation plutôt exclusive avec leur médecin. Par ailleurs, si la plupart des études portaient sur les praticiens généralistes, certaines concernaient aussi les spécialistes, comme les psychiatres ou les chirurgiens.
Une des études retenues, publiée en 2013 par des chercheurs français, montre par exemple que les patients atteints de troubles psychiques ont de bien meilleures chances de survie à trois ans lorsqu’ils restent fidèles au même psychiatre que lorsqu’ils ont tendance à en changer. (En psychiatrie, le risque vital est souvent d’ordre suicidaire.)
Bien sûr, de tels résultats peuvent s’expliquer de bien des manières. Il y a mille raisons pour lesquelles un patient ayant une relation stable avec son médecin pourrait vivre plus longtemps, à commencer par une vie plus stable, et donc un niveau socio-économique plus élevé. Mais il est aussi très plausible qu’une relation stable avec un bon médecin – ou considéré comme tel – participe tout simplement d’une meilleure santé.
Suis-moi je te suis
Les études suggèrent qu’un patient inscrit dans une relation de long terme avec son médecin tend à mieux suivre les traitements qui lui sont proposés, y compris en matière de prévention : tenir ses vaccins à jour, ne pas fumer, surveiller son alimentation... Par ailleurs, les patients se livrent plus quand ils sont en confiance, et sont donc plus à même de bénéficier d’une prise en charge médicale adaptée.
Dans un article publié sur le site Forbes (en anglais), le médecin et éditorialiste américain Bruce Y. Lee compare le médecin à un conjoint. "Chéri(e), avant que nous achetions notre maison, pourrais-tu me rappeler ton nom et ton passif ?" Qui peut imaginer une telle situation ? C’est pourtant fréquent aux États-Unis, où les réseaux de soins privés ont pris l’ascendant sur la médecine.
Bref, aimez votre toubib comme si votre vie en dépendait. C’est sans doute le cas.