Les personnes atteintes de sclérose en plaques (SEP) peuvent trouver une abondance de conseils contradictoires concernant les régimes alimentaires à suivre - qu'il s'agisse d'éviter les aliments transformés ou d'aller vers une alimentation pauvre en glucides. Cependant, les preuves corroborant ces allégations manquent. "Les gens entendent des histoires miraculeuses sur des patients qui récupèrent la capacité de marcher après avoir commencé un régime ou un autre, et tout le monde veut y croire", explique Laura Piccio, professeure agrégée de neurologie à l'Université de Washington. Mais "tout ce que nous savons pour l'instant relève de l’anecdote".
Une réduction drastique des calories
Pour pallier cet état de fait, la chercheuse a voulu évaluer si une réduction drastique des calories, orchestrée deux fois par semaine, pouvait impacter l'environnement immunitaire de l'organisme et le microbiome intestinal, et donc potentiellement le cours de la sclérose en plaques. Le jeûne a déjà fait ses preuves pour des maladies auto-immunes, mais il s’agissait de jeunes très sévères, donc intenables sur le long terme.
La sclérose en plaques est une maladie auto-immune du système nerveux central. Elle est due à un dérèglement du système immunitaire, qui s’attaque au cerveau et aux fibres nerveuses en détruisant les gaines de myéline chargées de protéger les neurones. Peu à peu, les patients perdent l’usage de leurs membres, présentent des troubles de la vision, de la motricité et de la sensibilité. Il s’agit d’une maladie multifactorielle, qui ne se déclenche pas autour d’une cause unique, mais est le résultat d’un "concours de circonstances", comme nous l’expliquait en mai le Pr Jérôme de Sèze, neurologue au CHRU de Strasbourg et spécialiste de la sclérose en plaques.
Moins susceptibles de développer des signes de dommages neurologiques
L'étude, publiée plus tôt ce mois-ci dans la revue Cell Metabolism, a été faite sur des souris. Tous les membres de la cohorte ont d’abord reçu un vaccin pour déclencher des symptômes semblables à ceux de la SEP. Certains ont ensuite jeûner deux jours par semaine, d’autre ont suivi un régime alimentaire normal. Résultat : sept semaines plus tard, les souris qui jeûnaient tous les deux jours étaient moins susceptibles de développer des signes de dommages neurologiques comme la difficulté à marcher par exemple. Et si certaines des souris à jeun ont développé des symptômes semblables à ceux de la SEP, ils sont apparus plus tard et étaient moins graves que chez les souris qui mangeaient leur nourriture tous les jours.
Par ailleurs, comparativement aux souris qui prenaient des repas quotidiens, celles qui mangeaient tous les deux jours avaient moins de cellules immunitaires pro-inflammatoires. "Tous ces résultats indiquent que quelque chose dans la communauté microbienne a protégé les souris à jeûne", précisent les chercheurs. Jugeant ces résultats suffisamment encourageants, Laura Piccio ses collègues ont lancé une étude du même acabi sur des humains atteints de SPD.