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Risque de caillot veineux, d'AVC...

Changement de sexe : prendre des hormones n’est pas sans risque pour la santé cadiovasculaire

Par Charlotte Arce

L’hormonothérapie suivie dans le cadre d’un changement de sexe n'est pas sans danger pour la santé. Selon une nouvelle étude, les femmes transgenres présentent un risque plus important de développer une maladie thromboembolique veineuse et de faire un AVC.

nito100/iStock

Lorsqu’elles décident d’entamer leur transition de genre, les personnes transsexuelles débutent généralement une hormonothérapie. Mais cette prise d’hormones, censée enfin aligner leur sexe avec leur genre, n’est pas sans risque pour leur santé.

C’est ce que met en lumière une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'école de santé publique Rollins de l'Université Emory et dirigée par le département de recherche et d'évaluation de Kaiser Permanente en Californie du Sud. Les résultats, publiés dans Annals of Internal Medicine, établissent un lien entre les hormones prises par les femmes transgenres et l’augmentation du risque vasculaire.

Un risque 2 à 5 fois supérieur de caillot sanguin

Une femme transgenre est une personne trans qui a été assignée homme à la naissance mais a une identité de genre féminine. Dans le cadre d’une transition homme vers femme (MtF), des hormones sont alors prescrites : des anti-androgènes qui sont des inhibiteurs de la testostérone, des œstrogènes et parfois de la progestérone.

Mais ces hormones, régulièrement prescrites dans le cadre d’une transition de genre, augmentent de manière significative le risque vasculaire, révèle l’étude.

Celle-ci a utilisé les données médicales de 2 842 femmes transgenres et de 2 118 hommes transgenres, suivis pendant environ 4 ans. 23% d’entre eux ont subi une chirurgie de changement de sexe. Les dossiers de 48 686 hommes et 48 775 femmes cisgenres (dont l’identité sexuelle correspond au sexe attribué à la naissance) ont été utilisés à des fins de comparaison.

En comparant les résultats, les chercheurs se sont aperçus que le risque de développer une maladie thromboembolique veineuse, c’est-à-dire l’apparition d’un caillot sanguin, était presque 2 fois plus élevé chez les femmes transgenres que les chez les hommes et les femmes cisgenres. Ce risque de développer un caillot était même 5 fois plus élevé après 2 ans de suivi que chez les hommes non transgenres et trois fois plus élevé que chez les femmes non transgenres.

En ce qui concerne le risque de faire un AVC causé par un caillot sanguin, les probabilités étaient 9,9 fois plus élevées chez les femmes transgenres que chez les hommes du groupe témoin et 4,1 fois plus élevées que chez les femmes du groupe témoin, d'après une période de suivi de plus de six ans.

La prise d'une hormonothérapie en tant que personne transgenre n'a en revanche pas augmenté les risques de crise cardiaque par rapport aux hommes cisgenres du groupe témoin. Le risque était 2,4 fois plus élevé que chez les femmes témoins, mais les femmes sont de toute façon moins susceptibles d'avoir une crise cardiaque dans ce groupe d'âge.

Pour les chercheurs, il est nécessaire que ces risques soient mis "en balance avec les avantages importants du traitement". "Nous espérons que les gens comprendront que nous n'essayons pas de faire peur à qui que ce soit. Nous disons simplement qu'il y a des questions auxquelles il faut répondre pour guider la thérapie. Les risques s'accompagnent d'avantages, et les avantages s'accompagnent de risques. Il faut un fournisseur de soins de santé réfléchi et un patient bien éduqué pour prendre une décision éclairée", explique à Reuters Michael Goodman, l'auteur principal professeur d'épidémiologie à la Rollins School of Public Health de l'Université Emory d'Atlanta et principal auteur de l’étude.