Voilà qui pourrait changer la donne pour les patients atteints d’un cancer du sang. Le Kymriah de Novartis et le Yescarta de Gilead, deux médicaments révolutionnaires dans le traitement du lymphome (le cancer du sang le plus fréquent) déjà commercialisés aux États-Unis, sont sur le point d'obtenir leur autorisation temporaire d’utilisation (ATU) en France. Ainsi, les malades français pourront être soignés avec sans attendre une autorisation européenne de mise sur le marché.
Mardi 10 juillet, alors que le Premier ministre Édouard Philippe réunissait pour la première fois du quinquennat le Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), Novartis a annoncé avoir choisi la France pour implanter sa future plateforme européenne de production de ce traitement. En partenariat avec le laboratoire français Cell4Cure, le groupe pharmaceutique suisse installera son centre aux Ulis, dans l’Essonne, à partir de 2019.
Le Kymriah et le Yescarta appartiennent à la famille des CAR-T, médicaments obtenus en modifiant génétiquement les cellules du patient selon la technologie révolutionnaire des cellules CAR-T pour "cellules T porteuses d’un récepteur chimérique". Ils ont pour particularité d’être complètement individualisés puisqu’ils reprogramment les globules blancs du patient afin de détruire ses cellules cancéreuses. Le processus est si complexe qu’il faut plusieurs semaines pour mettre au point un traitement et qu'il arrive que des patients meurent avant. C’est pourquoi la présence de Novartis aux Ulis est un tel succès pour la France.
Plus de 18 000 cas de lymphomes diagnostiqués tous les ans en France
Concrètement, les patients soignés sous Kymriah (efficace dans 85% des cas selon Novartis) se verront prélever des molécules de sang qui seront envoyées aux Ulis où des spécialistes les reprogrammeront pour qu’elles soient capables de reconnaître et de détruire des cellules cancéreuses. Une fois modifiées, elles seront réinjectées aux malades.
Reste à négocier les prix. Aux Etats-Unis, "en fonction de l’utilité médicale du médicament d’une part et de la viabilité commerciale de l’autre", Novartis a fixé l’ensemble du traitement à 475.000 dollars.
En France, plus de 18 000 cas de lymphomes sont diagnostiqués chaque année. Il s’agit du cancer le plus commun chez les adolescents et les jeunes adultes et il est responsable de 4 000 décès par an dans l’Hexagone. La maladie survient essentiellement au sein du tissu lymphatique des ganglions lymphatiques et se propage par voie lymphatique. Elle comprend deux grandes catégories. Si les lymphomes hodgkiniens, ou "maladie de Hodgkin", sont les plus connus, ils représentent moins de 15% des cas. Les lymphomes non hodgkiniens, qui représentent 85% des cas ont augmenté de près de 5% par an au cours des dernières années, en raison des de certains produits chimiques et de facteurs environnementaux, selon l'association France Lymphome Espoir.