Aux Etats-Unis, le suicide est devenu un problème de santé publique majeur. Dans plus de la moitié des Etats américains, le nombre de personnes se donnant la mort a augmenté de 30% entre 1999 et 2016. Il y a deux ans, 45 000 Américains ont mis fin à leur vie, dont plus de la moitié avec des armes à feu (source : Centre pour le contrôle et la prévention des maladies.)
Face à ce phénomène, la recherche tente de faire front. Une nouvelle étude, publiée dans le Jama, a ainsi voulu voir si un meilleur suivi des patients hospitalisés en urgence suite à une tentative ou à des idées noires pouvait réduire leurs tendances suicidaires.
Safety Planning Intervention
Les chercheurs ont constitué une cohorte de patients âgés de 18 ans ou plus, tous hospitalisés en urgence suite à un problème associé au suicide (passage à l’acte, idées noires…). Ils ont recruté dans neuf services d’urgence différents, et ont suivi les patients pendant 6 mois. Sur un total de 1640 patients, 1186 faisaient partie du groupe d'intervention et 454 faisaient partie du groupe témoin. Les patients du groupe d'intervention avaient un âge moyen de 47,15 ans.
Les patients du groupe d’intervention ont bénéficié d’une IPS (Safety Planning Intervention) et d’un suivi téléphonique à leur sortie de l’hôpital (ils ont été appelés au moins deux fois). Résultat : "l'IPS était associée à 45% de comportements suicidaires en moins, réduisant de moitié environ la probabilité de comportements suicidaires sur une période de 6 mois. Les patients ayant fait l'objet de cette intervention doublaient également leur chances d'assister à au moins une consultation externe en santé mentale", indiquent les scientifiques.
Un suivi téléphonique structuré
L'IPS consiste à établir une liste écrite avec le patient pour l’aider à combattre ses pulsions suicidaires. Les éléments de l'IPS comprennent : a) la reconnaissance des signes avant-coureurs d'une crise suicidaire imminente ; b) le recours à des stratégies d'adaptation internes ; c) l'utilisation des contacts sociaux et des milieux sociaux comme moyen de distraction des pensées suicidaires ; d) l'utilisation des membres de la famille ou des amis pour aider à résoudre la crise ; e) la communication avec des professionnels ou des organismes de santé mentale ; et f) la restriction de l'accès à des moyens létaux.
"Le Safety Planning Intervention, couplé à un suivi téléphonique structuré, constitue une stratégie de prévention du suicide très efficace, que gagneraient à mettre en place les services d’urgences aux Etats-Unis", concluent les auteurs. Les personnes vues aux urgences pour tentative de suicide présentent un très haut risque de récidive, particulièrement dans les 12 mois suivant leur visite à l’hôpital. Elles présentent environ 200 fois plus de risque que les autres.
8 885 décès par suicide ont été officiellement enregistrés en France métropolitaine en 2014. Un chiffre élevé, mais en diminution de près d’un quart (-26 %) par rapport à 2003, ce qui confirme une baisse tendancielle entamée en 1985.