ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Procréation assistée et cancer : les risques pourraient être finalement liés aux causes de l'infertilité

Tumeurs ovariennes

Procréation assistée et cancer : les risques pourraient être finalement liés aux causes de l'infertilité

Par Mathilde Debry

Une étude qui vient de sortir sur le risque de cancers des femmes et les techniques de procréation médicalement assistées indique que ce sont plutôt les causes de la stérilité qui sont associées à l’augmentation observée des cancers. 

fruttipics / stock
MOTS-CLÉS :

Des chercheurs se sont penchés plus avant sur l’association établie entre la procréation assistée et le risque accru de développer un cancer. Etonnamment, ils ont constaté "qu’aucun risque accru de cancer du corps utérin ou de cancer du sein invasif n'a été détecté chez les femmes qui avaient eu une procréation assistée", mais que "des risques accrus de cancer du sein in situ et de tumeurs ovariennes invasives et borderline ont été trouvés au sein de la cohorte". 

En d’autres termes, "les résultats indiquent que les risques de tumeur ovarienne pourraient être finalement dus aux caractéristiques médicales des patientes infertiles, plutôt qu'à la procréation assistée en elle-même". L’étude a été réalisée en Grande Bretagne, de 1991 à 2010. 255 786 femmes ont contribué à la recherche (Source : Human Fertilisation and Embryology Authority).

"Un traitement puissant"

Fin octobre 2015, une étude menée par le professeur Alastair Sutcliffe et son équipe de scientifiques de l'University College London Hospital a révélé qu'il existait un risque accru de cancer des ovaires chez les femmes stériles ayant recours à une Fiv. De 1991 à 2010, ils ont comparé 250 000 patientes ayant subi une Fiv à la population générale. Parmi elles, 15 sur 10 000 ont développé ce type de cancer, contre 11 sur 10 000.

"Le taux de cancer mesure la santé d'une population, expliquait à l'époque le Pr Sutcliffe à Marie Claire, et plus elle vieillit plus ce taux augmente. Là, on suit une population de femmes qui a subi un traitement puissant, et on se pose la question des risques. Si notre étude démontre qu'elles ne présentent pas plus de risques de développer un cancer du sein ou de l'utérus, elles sont en revanche plus exposées à celui des ovaires. Notamment, et c'est important de le souligner, dans les trois ans qui suivent le traitement, qu'il aboutisse ou non à une grossesse."

Plus d'un demi-million de bébés naissent chaque année de la FIV

Quarante ans après la naissance de Louise Brown, le premier "bébé-éprouvette" au monde, l’European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE) rapporte aujourd'hui que le nombre total de bébés nés à la suite d'une fécondation in vitro (FIV) ou d’une injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI) est de plus de 8 millions. On estime que plus d'un demi-million de bébés naissent chaque année de la FIV et de l'ICSI à la suite de plus de 2 millions de traitement effectués.

La FIV s'effectue hors du corps, dans une éprouvette à l'intérieur de laquelle les gamètes ou cellules sexuelles (spermatozoïdes et ovules) sont mises en présence, afin de faire naître un embryon qui sera implanté par la suite dans l'utérus de la mère ou dans celui d'une mère porteuse. L'ICSI  est une technique qui consiste à injecter le spermatozoïde dans l'ovocyte.
 
En Europe, l'Espagne reste le pays le plus actif en matière de procréation assistée, avec un nombre record de 119 875 traitement, devant la Russie (110 723 cycles), l'Allemagne (96 512) et la France (93,918). Les cliniques du vieux continent continuent de favoriser l'ICSI par rapport à la FIV, une tendance mondiale. Les taux de grossesse (mesurés par transfert d'embryon) semblent s'être stabilisés en Europe à environ 36% pour la FIV et l'ICSI. Les taux de grossesse sont plus élevés avec des embryons de cinq jours qu'avec des embryons de trois jours.

Consultez notre ouvrage vidéo numérique,

seule une création de compte est requise pour y accéder.