Impliqué l'année dernière dans une dizaine de cas de surdosage et dans sept suicides chez des toxicomanes accrocs à cette molécule, le Tramadol fait l'objet de nombreuses interrogations. Cet antalgique de palier deux appartient à la meme classe que le Dextropropoxyphène, le principe actif du Di-Antalvic. Ce médicament avait été interdit en juin dernier en raison d'effets secondaires avérés. De nombreux patients souffrant de douleurs modérées à intenses ont du alors se rabattre vers des traitements plus forts, parmi lesquels figure le Tramadol. C'est pourquoi, l'Agence du médicament (Afssaps) l'avait mis sous surveillance depuis le retrait du Di-Antalvic. Les risques liés à ce dérivé de l'opium sont connus depuis longtemps. . Alors pourquoi une telle agitation aujourd'hui ?
Gisèle Pickering, pharmacologue clinicienne au CHU de Clermont Ferrand: "c'est un peu l'effet Boomerang du Dextropropoxyphène."
Autre raison, les ventes du Tramadol ont augmenté de 30% en 2011 pour atteindre les 12 millions de boites écoulées en France. Cette masse de nouveaux patients ne nécessitant pas toujours un tel traitement de choc a mécaniquement augmenté le nombre d'incidents recensés. Les pharmacologues, comme Gisèle Pickering, insistent sur le fait "de ne pas banaliser la Tramadol. C'est un opiacé faible qui n'est pas anodin" précise-t-elle. Ses effets secondaires, nausées, vomissements, et hallucinations, dépendent du dosage. Cet antidouleur oblige également à passer par une phase de sevrage, et donc une diminution progressive des doses, faute de quoi le patient risque un "rebond d'anxiété" accompagné d'une sensation de manque. Pour minimiser ces effets, il est d'ailleurs en général recommandé de proposer des associations, par exemple, avec des antalgiques plus légers comme le paracétamol. Aujourd'hui, le retrait de cette molécule n'est pas envisagée. . Avec deux représentants des antalgiques de niveau deux en moins, les spécialsites de la douleur commenceraient à se retrouver démunis pour lutter contre un certain nombre de douleurs chroniques modérées à intenses.
Gisèle Pickering: "on peut être un peu plus stricte dans la prescription du médicament."