On en sait aujourd’hui un peu plus sur l’autisme. D’après une nouvelle étude américaine parue ce mardi dans la revue médicale Brain, les enfants autistes présentent des anomalies structurelles et fonctionnelles dans la zone du cerveau liée aux interactions sociales.
Pour en arriver à cette conclusion, des chercheurs de l’Université de Médecine de Stanford ont examiné, via des IRM, les câbles neuronaux de 24 enfants autistes et de 24 enfants au développement dit "normal" alors qu’ils regardaient des images à caractère social ou pas (visages ou paysages). Ils ont ensuite réalisé la même expérience en se concentrant cette fois sur les connexions fonctionnelles du cerveau de 16 enfants autistes et de 20 enfants dépourvus de cette affliction. Enfin, ils ont soumis les participants (tous âgés d’entre 8 et 13 ans) à un test de QI.
Au terme de ces analyses, les scientifiques ont remarqué que la densité des faisceaux de fibres nerveux dans le circuit de récompense méso limbique était plus faible chez les enfants autistes. Ces derniers présentaient également des connexions fonctionnelles plus faibles dans ce circuit lié aux interactions sociales. En fin de compte, le degré d’anormalité dans cette voie était similaire aux difficultés sociales d’un enfant autiste.
Ces découvertes soutiennent donc la théorie selon laquelle les interactions sociales sont intrinsèquement moins attirantes pour les autistes. "C’est la première fois que nous avons une preuve concrète pour appuyer cette théorie", se félicite l’auteur principal de l’étude Kaustubh Supekar, chercheur à l’Institut de Neurosciences Translationnelles de Stanford.
Une différence neuronale à l’origine d’un cercle vicieux pour les enfants autistes
Dans le passé, une étude réalisée sur des souris avait déjà montré que perturber la voie de récompense méso limbique de ces animaux réduisait leur comportement social mais on ignorait encore à quel point ce circuit était relié aux habilités sociales chez les gens. "C’est l’une des premières preuves neurobiologiques chez les enfants que ce mécanisme pourrait expliquer des difficultés sociales", explique Supekar.
Cette différence dans le cerveau des enfants autistes pourrait être à l’origine d’un cercle vicieux, selon les chercheurs. En effet, afin d’apprendre de comprendre les émotions des autres, les enfants doivent avoir des interactions sociales. Or, s’ils les trouvent intéressantes, ils auront moins d’opportunités de développer des compétences sociales complexes.
"Les interactions sociales sont normalement intrinsèquement rémunératrice. Cela n’est pas assez rémunérateur pour un enfant autiste, ce qui pourrait avoir des effets sur d’autres voies neurones, explique le papier. "Nos découvertes suggèrent que c’est un mécanisme du cerveau qui devrait être pris en compte très tôt dans les traitements cliniques", notent les auteurs qui voudraient désormais lancer une étude pour voir si les mêmes anomalies neuronales peuvent être détectées chez des enfants autistes plus jeunes. Car une prise en charge précoce permet des progrès supérieurs et évite l'apparition de sur-handicaps.
En France, 700 000 personnes sont concernées par l’autisme
Cette étude consiste en un point de départ intéressant pour de nouveaux traitements contre l’autisme. Des thérapies déjà existantes utilisent différentes récompenses pour encourager les enfants à se lancer dans des interactions sociales mais nous ignorons encore si cela renforce les circuits de récompenses neuronaux ou pas.
En effet, lors des suivis, les spécialistes essayent de pousser les enfants autistes à interagir avec le monde qui les entoure et à s’y adapter. En France, où 700 000 personnes, dont 100 000 de moins de 20 ans, sont touchées par l’autisme, les enfants concernés reçoivent des soins psycho-éducatifs basés sur le jeu pour les aider à développer leur langage, leurs compétences sensorielles et motrices, à adapter leur comportement et à gérer leurs émotions. L’objectif ultime étant de donner au malade des outils pour acquérir de l’autonomie. Aujourd’hui, l’enjeu de taille consiste à scolariser les autistes et à les aider à s’insérer à la société au lieu de les cantonner dans des institutions spécialisées.