C’est la remise en cause d’une procédure fondamentale de réanimation. Une nouvelle étude vient de démontrer qu’en cas d’arrêt cardiaque en dehors de l’hôpital, l’adrénaline (épinéphrine) améliore la survie, mais pas la survie de bonne qualité, du fait des troubles neurologiques générés.
Dans un essai randomisé à double insu portant sur 8014 patients victimes d'un arrêt cardiaque hors de hôpital au Royaume-Uni, les ambulanciers paramédicaux de cinq services ambulanciers du National Health Service ont administré soit de l'épinéphrine (4015 patients), soit un placebo (3999 patients), en plus des soins standards.
Taux de survie à 30 jours
Les chercheurs ont étudié les taux de survie à 30 jours. Au bout d’un mois, 130 patients (3,2 %) dans le groupe épinéphrine et 94 (2,4 %) dans le groupe placebo étaient vivants. Une atteinte neurologique grave (note de 4 ou 5 sur l'échelle de Rankin modifiée) s'était produite chez un plus grand nombre de survivants du groupe épinéphrine que dans le groupe placebo (39 des 126 patients [31,0 %] contre 16 des 90 patients [17,8 %]).
"Chez les adultes ayant subi un arrêt cardiaque hors hôpital, l'utilisation de l'épinéphrine a entraîné un taux de survie à 30 jours significativement plus élevé que l'utilisation d'un placebo, mais (…) plus de survivants présentaient une atteinte neurologique grave dans le groupe épinéphrine", concluent les scientifiques.
Paralysie et convulsions
Les troubles neurologiques sont des maladies du système nerveux central ou périphérique. En d’autres termes, ils touchent le cerveau, la moelle épinière, les nerfs crâniens, les nerfs périphériques, les racines nerveuses, le système nerveux végétatif, la jonction neuro-musculaire et les muscles. Les troubles neurologiques se caractérisent par une large palette de signes cliniques pouvant aller de l'atonie musculaire, à la paralysie en passant par des convulsions. Le sujet peut également ressentir d'intenses douleurs ou un sentiment confusionnel important.
Une étude conduite par une équipe de l’université de Lille révèle 46 000 arrêts cardiaques par an en France. L’âge moyen de l’arrêt cardiaque extrahospitalier est de 68 ans. 63% des victimes sont des hommes, 1,8% des enfants de moins de 15 ans. Le taux de survie après 30 jours est de 4,9%, augmentant à 10,4% lorsqu’un massage cardiaque a été effectué immédiatement après la perte de conscience. La grande majorité des cas, 75%, survient au domicile. Les causes sont à 88% d’origine médicale, contre une origine traumatique (choc, électrocution, noyade, etc.) dans 12% des cas.