S’il est bien connu qu’une anesthésie générale n’est pas un geste anodin, surtout pour les personnes âgées, il semblerait qu’elle puisse avoir des effets négatifs sur la mémoire et les capacités de raisonnement des adultes de plus de 70 ans, selon une nouvelle recherche américaine publiée fin mai dans le British Journal of Anesthesia.
Pour en arriver à ces conclusions, des chercheurs de la Mayo Clinic du Minnesota ont analysé les données d’une étude réalisée précédemment par cet Institut sur près de 2000 personnes âgées de 70 à 89 ans. Observant si les patients qui avaient subi des opérations sur une période de 20 ans présentaient plus tard un déclin cognitif, les scientifiques ont remarqué que ce dernier avait tendance à être accéléré au delà du processus normal de dégénérescence liée à l’âge suite à des anesthésies générales.
Bien que ce déclin ne soit pas toujours très notable, cela peut être un risque pour les individus déjà fragiles, mettent en garde les auteurs de l’étude. "Nous devons nous assurer que les patients qui pensent à la chirurgie et leurs familles sont bien informés du risque possible de dysfonctionnement cognitif", détaille Jural Sprung, anesthésiste à la clinique Mayo et auteur principal de ces travaux.
Soumettre les personnes âgées à des tests cognitifs préalables
"Qui plus est, des stratégies alternatives devraient être discutées avec les patients avant que la chirurgie soit réalisée pour ceux qui pourraient présenter un risque important. Cette étude apporte des raisons supplémentaires aux praticiens de commencer à soumettre les personnes âgées à des tests cognitifs au préalable afin d'être plus clairs sur les risques individuels liés à une chirurgie et à une anesthésie. Cette initiative a été approuvée par la Société Américaine Gériatrique mais n’a pas été mise en pratique cliniquement", poursuit-il, rappelant toutefois qu’il est impossible à l’heure actuelle de déterminer si c’est la chirurgie, l’anesthésie ou les conditions nécessitant une opération à la base, qui seraient à l’origine des complications.
Cela fait déjà plusieurs années que le lien entre la chirurgie, l’anesthésie et le déclin cognitif des personnes âgées est débattu. Des études animales ont déjà notamment montré que des expositions à des anesthésiants pourraient être liées à des changements observés dans le cerveau quand Alzheimer se déclenche.
En France, l’Institut Curie utilise de plus en plus l’hypnose médicale en alternative à l’anesthésie générale. Cette technique, qui combine l’hypnose à la sédation consciente (les médicaments sont utilisés pour détendre le patient, qui reste conscient) et à l’anesthésie locale pour bloquer la douleur, est expérimentée depuis 2015 par l’équipe du Docteur Aurore Marcou, médecin anesthésiste réanimateur et hypnothérapeute.