Alors que le recours aux thérapies complémentaires (régimes alimentaires, minéraux, vitamines, yoga, acupuncture, naturopathie, homéopathie...) pour soigner les cancers est en hausse aux Etats-Unis, des chercheurs ont voulu évaluer leur efficacité, ce qui n’avait pas été fait jusqu’à présent. "Bien que ces thérapies puissent être utilisées pour aider des patients présentant des symptômes dus au traitement du cancer, il semble qu’elles soient commercialisées ou considérées comme des traitements efficaces du cancer", constate le Dr Skyler Jonhson, de l’école de médecine de Yale.
Refus des traitements anticancéreux conventionnels
Pourtant, l’étude, publiée dans le JAMA, vient de démontrer que le recours à la médecine complémentaire était associé à un risque de décès deux fois plus élevé. Les patients qui font ce choix refusent généralement les traitements anticancéreux conventionnels (chirurgie, chimiothérapie, hormonothérapie, radiothérapie).
Les patients sélectionnées pour constituer la cohorte souffraient de cancer du sein, de la prostate, du poumon ou d’un cancer colorectal non métastatique, tous diagnostiqués entre le 1er janvier 2004 et le 31 décembre 2013. 258 patients (199 femmes et 59 hommes ; âge moyen : 56 ans) faisaient partie du groupe ayant recours aux médecines alternatives, et 1032 patients (798 femmes et 234 hommes ; âge moyen : 56 ans) faisaient partie du groupe témoin.
Une survie globale à 5 ans plus faible
Les patients qui ont eu recours à la médecine alternative ont eu des taux de refus de chirurgie (7,0 % vs 0,1 1%), de chimiothérapie (34.1 % vs 3,2), de radiothérapie (53,0 % vs 2,3%) et d'hormonothérapie (33,7 % vs 2,8 %) plus élevés que les malades du groupe témoin. La médecine alternative a été par ailleurs associée à une survie globale à 5 ans plus faible que les traitements anticancéreux classiques (82,2 % vs 86,6%).
"Il est important que les patients les envisageant ne les considèrent pas comme une alternative aux traitements conventionnels dont des essais cliniques ont démontré qu’ils font une réelle différence pour la survie", prévient Martin Ledwick, du Cancer Resarch UK. Les auteurs incitent également les médecins à aborder avec leurs patients le sujet des thérapies alternatives et de l’importance du traitement conventionnel.