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Entre l’infirmier et le médecin

Infirmier de pratique avancée : le métier de "super" infirmier est né

Par Yvan Pandelé

Après d’intenses tractations, le décret instituant les infirmiers de pratique avancée (IPA) vient d’être publié. C’est la naissance d’un nouveau métier, à mi-chemin entre les infirmiers et les médecins.

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L’événement a fait peu de bruit, mais il est d’importance. Le décret instaurant la création des "infirmiers de pratique avancée" (IPA) a été publié jeudi 19 juillet au Journal officiel. Derrière ce vocable se cache rien de moins que la création d’un nouveau métier : des "super" infirmiers capables de mener des consultations, pratiquer des examens, renouveler des ordonnances – le tout en semi-autonomie.

C’est donc bien un nouvel échelon du soin qui voit le jour, à mi-chemin entre les infirmiers et les médecins. L’idée n’est pas neuve : la loi Santé, promulguée en 2016 à l’initiative de Marisol Touraine, prévoyait la création de la pratique avancée. Mais les prérogatives et le niveau d’autonomie des IPA ont font l’objet de tractations intenses, entre une profession infirmière décidée à faire valoir ses compétences et des médecins libéraux pas franchement enthousiastes.

Cancer, insuffisance rénale, personnes âgées…

Le décret semble dessiner un équilibre. Les IPA seront en charge du suivi des patients avec des maladies stabilisées, une fois qu’un médecin aura reçu posé un diagnostic et décidé d’une prise en charge. Le périmètre retenu comprend la cancérologie (où la pratique est courante), la maladie rénale chronique (dialyse, transplantation rénale), et les "pathologies chroniques stabilisées" en soins de ville, dont la liste sera à préciser. La santé mentale, initialement envisagée, n’a pour l’heure pas été retenue.

Dans le cadre d’un protocole signé par un médecin, les IPA pourront suivre les patients, procéder à des examens cliniques et des actes techniques, renouveler des ordonnances et prescrire des examens complémentaires. "Les infirmiers réadresseront leurs patients au médecin lorsque les limites de leur champs e compétences seront atteintes", précisent les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur, dans un communiqué commun. Le patient aura bien sûr son mot à dire.

5000 infirmiers de pratique avancée d’ici 2022

Tout en regrettant le niveau d’autonomie restreint confié aux IPA, Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers, a salué dans un communiqué "une réelle avancée pour la profession (…) mais surtout pour l’amélioration de l’accès aux soins". Face au vieillissement de la population et à la démographie médicale en berne, les IPA offrent l’espoir d’un meilleure prise en charge, notamment dans les zones sous tension.

Le diplôme, de niveau master, sera ouvert aux infirmiers justifiant de trois ans d’expérience. Une expérimentation est déjà en cours en Île-de-France et plusieurs universités (Paris, Toulouse, Caen, Rouen, Limoges-Bordeaux…) proposent déjà une offre de formation, de sorte que les IPA devraient commencer à se généraliser courant 2020. Le gouvernement s’est engagé à former 5000 IPA d’ici la fin du quinquennat.