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Risque de cancer du poumon

Tabac : combien de temps la nicotine reste-t-elle dans le corps ?

Par Mathilde Debry

La nicotine, qui engendre la dépendance au tabac, est assez rapidement évacuée par l'organisme. Les règles ne sont cependant pas les mêmes pour tous. Explications. 

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La nicotine est un composé chimique naturellement présent dans les plants de tabac, qui fait partie des alcaloïdes. Ses propriétés pour la plante sont d'éloigner les parasites (fongicide, acaricide, insecticide). Chez l'homme, la nicotine engendre la dépendance au tabac ainsi que les sensations de détente, de plaisir, de diminution de l'anxiété et de la dépression. Les tests médicaux peuvent détecter la nicotine dans l'urine, le sang, la salive, les cheveux et les ongles.

Trois semaines

Lorsque l’on fume, il existe un "pic" initial pendant lequel la concentration de nicotine dans le corps augmente en continu, jusqu’à la combustion totale de la cigarette, soit entre 5 et 7 minutes. Ensuite, cette concentration diminue rapidement : après une heure, elle diminue de moitié ; après deux heures, il ne reste dans le sang plus qu’un quart du pic initial.  

Il restera cependant encore quelques traces de nicotine dans l’organisme. Au bout de 4 jours, le sang aura purgé la totalité de la nicotine qu’il contenait. Les autres dérivés de la nicotine et du tabac qui sont responsables de l’envie de fumer (cotinine, anabasine et la nornicotines) sont beaucoup plus longs à éliminer dans certains organes du corps, comme les reins ou les tissus adipeux. Il faut en moyenne trois semaines pour être totalement vierge de traces de nicotine, l’évacuation du produit se faisant principalement via l’urine.

Quelques exceptions

Ces règles comprennent quelques exceptions. La nicotine peut rester dans le corps plus longtemps chez les adultes de plus de 65 ans. Par ailleurs, les femmes ont tendance à traiter la nicotine plus rapidement que les hommes, surtout si elles prennent des contraceptifs oraux. Néanmoins, une nouvelle étude norvégienne vient de prouver que la femme serait plus encline que l’homme au cancer du poumon, à durée et intensité égales d’exposition au tabagisme. Enfin, le corps mettra plus de temps à éliminer la nicotine chez les personnes qui ont fumé plus fréquemment et plus longtemps.

Chaque jour d’arrêt du tabac est donc bénéfique pour la santé. L’ex-fumeur retrouve peu à peu goût et odorat, récupère du souffle et à terme, réduit le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC), d’infarctus du myocarde et améliore son espérance de vie. Mais une nouvelle étude montre que le risque de cancer du poumon ne disparaît jamais totalement pour un ex-fumeur.

Les gros fumeurs

L’essai a été mené au sein du centre médical de l’Université Vanderbilt dans le Tennessee aux Etats-Unis et publié dans le Journal of the National Cancer Institute. Les chercheurs ont étudié les cas de 8 907 patients, suivis pendant une période de 25 à 34 ans. Dans ce groupe, 284 cancers du poumon ont été détectés. Dans 93% des cas, les malades étaient de "gros fumeurs", c’est-à-dire qu’ils ont fumé un paquet par jour pendant au moins 21 ans.

Dans les cinq années qui suivent l’arrêt, le risque de cancer du poumon baisse de 39% par rapport à ceux qui fument toujours. D’année en année, le risque continue de diminuer, mais même 25 ans après l’arrêt, il reste trois fois supérieur à celui des non-fumeurs, c'est-à-dire ceux qui n’ont jamais fumé. Souvent, après 15 ans d’arrêt, la vigilance quant à un éventuel cancer du poumon diminue. Pourtant, 4 cancers du poumon sur 10 concernent d’anciens "gros fumeurs" qui ont arrêté il y a plus de 15 ans.