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VIH

Sida : des chercheurs découvrent une nouvelle classe d'anticorps qui protègerait de l'infection

Par la rédaction avec Mathilde Debry

Un anticorps appelé "Immunoglobuline M (IgM)" s'est révélé efficace pour prévenir l'infection à VIH, après l'exposition des muqueuses au virus. Des résultats (enfin) très encourageants.

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Une nouvelle classe prometteuse d'anticorps protègerait contre le VIH. C’est le résultat d’une récente étude, publiée dans la revue AIDS. Dirigée par Ruth Ruprecht, une équipe de scientifiques a démontré pour la première fois qu'un anticorps appelé "Immunoglobuline M (IgM)" était efficace pour prévenir l'infection après l'exposition des muqueuses au virus du Sida. On estime que 90% des nouveaux cas de VIH sont causés par l'exposition au virus des cavités muqueuses comme la paroi interne du rectum ou du vagin.

"Jusqu’ici, l’IgM était en quelque sorte un anticorps oublié", explique Ruth Ruprecht, directeur du Texas Biomed's AIDS Research Program. "La plupart des scientifiques pensaient que son effet protecteur était trop court pour être utilisé comme bouclier contre un pathogène aussi envahissant que celui du VIH."

Un nouveau champ de recherche

Malgré tout, les chercheurs ont décidé de tester son efficacité sur des singes rhésus. Ils ont d'abord traité les animaux avec un IgM humain. Une demi-heure plus tard, les mêmes animaux ont été exposés au virus du sida. 82 jours après, quatre singes sur six étaient complètement immunisés contre le VIH.

Concrètement, l’IgM a "agglutiné", ou "absorbé", le virus, l'empêchant de traverser la barrière muqueuse et de se propager dans le reste du corps. "Notre étude révèle pour la première fois le potentiel protecteur de l’IgM. Les IgM attrapent les particules virales cinq fois mieux que la forme standard d'anticorps. Cela ouvre un nouveau champs de recherche", se félicite Ruth Ruprecht.

L’épidémie mondiale de VIH n’est pas en voie d’achèvement

Le dernier rapport d’Onusida rappelle que les nouvelles infections sont en augmentation dans une cinquantaine de pays. En Europe de l’Est et en Asie centrale, le nombre annuel de nouvelles infections à VIH a doublé ces vingt dernières années. A l’échelle mondiale, les infections à VIH n’ont diminué que de 18% au cours des sept dernières années, passant de 2,2 millions en 2010 à 1,8 million en 2017. Bien que ce chiffre représente presque la moitié du nombre de nouvelles infections par rapport à 1996, lorsque ce nombre était au plus haut (3,4 millions), la baisse n’est pas assez rapide pour atteindre l’objectif de moins de 500 000 nouvelles infections à VIH d’ici 2020.

"L’épidémie mondiale de VIH n’est pas en voie d’achèvement et le discours dominant sur la fin du sida, en nourrissant une complaisance dangereuse, a possiblement précipité le fléchissement de la détermination à combattre le virus dans le monde", estiment les auteurs.

En 2019, Paris accueillera la conférence du FMLSTP, qui permettra de recueillir les financements publics et privés pour la période 2020-2022. Une opportunité politique de premier plan, estiment Pamela Das et Richard Horton, du Lancet, qui appellent Emmanuel Macron à "mener le débat" en faveur d’une approche intégrée de la lutte contre le sida.