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Tribune

Autisme : deux mamans mettent en garde contre les traitements alternatifs

Par Mégane Fleury

Olivia Cattan, présidente de SOS Autisme, et Estelle Ast, maman d’un enfant autiste, signent une tribune pour alerter sur les dangers des traitements alternatifs de l’autisme. Elles ont recensé de nombreux témoignages et des exemples d’effets secondaires. 

KatarzynaBialasiewicz/iStock

Environ 700 000 personnes en France souffrent de troubles du spectre de l’autisme : parmi elles, 100 000 ont moins de 20 ans d’après l’Inserm. Il n’existe actuellement pas de traitement contre l’autisme, mais il est possible de soigner certains symptômes grâce à des thérapies spécifiques. Depuis plusieurs années, des méthodes alternatives apparaissent, notamment celles qui consistent à changer de régime alimentaire. Certains parents utilisent le cannabis pour soigner leurs enfants. Deux mamans d’enfants autistes, Olivia Cattan, présidente de SOS Autisme et Estelle Ast, prennent la parole dans une tribune sur le site du Huffington Post pour mettre en garde contre ces traitements alternatifs. 

"Des familles tentées de croire en tout et n’importe quoi" 

"Nous voulons alerter les familles qui viennent de recevoir le diagnostic de leur enfant, et qui sont parfois tellement désespérées qu’elles sont tentées de croire en tout et en n’importe quoi", déclarent les deux femmes. Toutes deux ont cru en ces méthodes et en ont essayées certaines. Estelle Ast, par exemple, a tenté le régime sans gluten pour son fils. Certains chercheurs considèrent en effet que les enfants autistes souffrent d’une altération de la perméabilité des intestins qui serait due à des allergies ou des intolérances alimentaires. Supprimer le gluten permettrait ainsi de réduire les symptômes.

Dans le cas du fils d’Estelle, "cela lui a fait du bien, mais ne l’a pas fait 'guérir de l’autisme' parce que l’autisme est un syndrome neuro-développemental", explique-t-elle. L’utilisation d’antibiotiques a aggravé les symptômes. Olivia Cattan a tenté d’aider son enfant en lui donnant une cure de magnésium, en arrêtant les traitements médicamenteux et en misant sur les méthodes éducatives. 

Des effets secondaires 

Les deux femmes ont parcouru les groupes Facebook de parents d’enfants autistes et recensé les différentes méthodes alternatives : diurétiques, antibiotiques, cannabis, magnésium, probiotiques, paracétamol à haute dose, etc. Des thérapies consistent aussi à éliminer les agents toxiques de l’organisme, appelées chélation, et se présentent sous la forme de sprays, gélules, suppositoires, etc. On trouve en France, le MMS pour Supplément Minéral Miracle, déjà beaucoup utilisé en Amérique Latine, qui est composé de dioxyde de chlore. Ce produit "miracle" n’a aucune efficacité médicale prouvée. Estelle Ast et Olivia Cattan ont même compilé plusieurs signalements d’effets secondaires comme des diarrhées, des nausées, des vomissements, de la fièvre et l’anorexie. 

Alerter les pouvoirs publics 

Les familles, parfois "tellement désespérées", prennent même le risque d’être hors-la-loi pour se procurer des huiles à base de cannabis par exemple. "Cette tribune n’est pas faite pour juger les uns ou les autres, mais pour briser l’omerta qui règne dans le milieu de l’autisme, puisque des médecins et autres responsables encouragent et organisent ces pratiques", précisent les deux femmes. Leur texte est un message d’alerte envoyé aux pouvoirs publics. Olivia Cattan et Estelle Ast demandent aujourd'hui à être reçues par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.