Le ministre britannique de l’Intérieur a annoncé jeudi 26 juillet que le cannabis thérapeutique allait être autorisé au Royaume-Uni sur ordonnance à partir de l’automne. "Cela aidera les patients avec des besoins médicaux spécifiques mais cela ne constitue en aucun cas un premier pas vers la légalisation du cannabis à usage récréatif", a expliqué Sajid Javid dans un communiqué.
Deux groupes d’experts indépendants se sont penchés sur la question. Le premier a conclu qu’il était suffisamment prouvé que le cannabis médical avait des intérêts thérapeutiques. Le second a estimé que les médecins devraient être en mesure de prescrire du cannabis thérapeutique.
"Améliorer la vie des patients qui souffrent"
"Rendre le cannabis thérapeutique disponible sur ordonnance va améliorer la vie des patients qui souffrent actuellement en silence. Il n’y a rien de plus difficile que de voir ses proches souffrir, c’est pourquoi j’ai pris cette décision", justifie encore le ministre de l’Intérieur britannique sur Twitter. Le Département des soins de santé et sociaux (DHSC) et l’Agence de réglementation des médicaments et produits de santé (MHRA) vont maintenant définir clairement ce qui constitue un médicament dérivé du cannabis. Les autres formes de cannabis seront strictement contrôlées et ne seront pas disponibles sur ordonnance.
En Europe, des pays comme l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande et l’Italie ont déjà légalisé le cannabis thérapeutique. Récemment, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a déclaré que le cannabis médical pourrait aussi arriver en France. Actuellement, un seul médicament cannabinoïde possède une autorisation de mise sur le marché français : le Sativex, recommandé contre la spasticité et la sclérose en plaques.
Le dronabinol et le cannabidiol, utilisés pour des patients atteints de douleurs neuropathiques réfractaires aux traitements classiques ou des épilepsies sont accessibles, mais seulement avec une autorisation temporaire nominative (procédure permettant de mettre à disposition de certains patients un médicament n’ayant pas d’autorisation de mise sur le marché et ne faisant pas l’objet d’un essai clinique dans cette indication).
Calmer les nausées
En janvier 2017, l’Académie américaine des sciences a rendu un rapport indiquant que certains cannabinoïdes pouvaient calmer les nausées chez les patients sous chimiothérapie, atténuer les douleurs chroniques et diminuer les symptômes des personnes souffrant de sclérose en plaque. Prudente, elle avait aussi indiqué une association entre la consommation de cannabis et la schizophrénie.
Depuis lors, concernant la gestion de la douleur chronique non due au cancer, une toute récente étude prospective publiée par The Lancet vient au contraire de démontrer que le cannabis n’est pas efficace. Le recrutement de la cohorte s'est déroulé du 13 août 2012 au 8 avril 2014. 1514 participants ont été interrogés, entre autres, sur les origines et la durée de la douleur chronique, la consommation de cannabis au cours de la vie et des 12 derniers mois, la prise d’opioïdes et l’existence ou non de troubles dépressifs ou anxieux généralisés.
Après quatre ans de suivi, 295 participants (24%) avaient consommé du cannabis pour soulager la douleur. Comparativement aux personnes n'ayant pas consommé de cannabis, les chercheurs ont constaté que les participants qui avaient consommé du cannabis avaient "un score de gravité de la douleur plus élevé". "Nous n'avons trouvé aucune preuve que l'usage de cannabis a réduit l'usage des opioïdes prescrits ou augmenté les taux d'abandon des opioïdes", avaient conclu les scientifiques.