Vous ne le savez peut-être pas, mais certaines personnes éprouvent une grande tristesse après un rapport sexuel. Ce syndrome, que l'on appelle "dysphorie post-coïtale", ou "sex blues", se caractérise par un puissant sentiment de mélancolie, une irritabilité ou des sanglots et survient entre cinq minutes et deux heures après avoir fait l'amour. Un coup de blues souvent déstabilisant pour le conjoint. Et pour cause, cet épisode de déprime après le sexe reste mal connu, ce qui amène les personnes atteintes à penser qu'elles sont anormales et leur moitié à s'inquiéter.
Pour la première fois, des chercheurs de l'université australienne QUT ont conclu que les hommes pouvaient également souffrir de dysphorie post-coïtale. Un étudiant en médecine du nom de Joel Maczkowiack et son professeur Robert Schweitzer ont mené une "enquête internationale anonyme en ligne auprès de 1208 hommes originaires d'Australie, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de Russie, de Nouvelle-Zélande ou encore d'Allemagne". Leur article "Dysphorie post-coïtale : prévalence et corrélations chez les hommes" a été publié par le International Journal of Sex & Marital Therapy.
Les hommes aussi concernés que les femmes
Parmi les hommes interrogés, 41% ont déclaré avoir déjà vécu un épisode de dysphorie post-coïtale au cours de leur vie, dont 20% l'avaient vécu au cours des quatre semaines précédentes. Jusqu'à 4% d'entre eux ont admis en souffrir régulièrement. Certains ont expliqué ne plus vouloir être touché et avoir besoin d'être seul après le sexe, d'autres ont expliqué se sentir agités, agacés et irritables. D'autres répondants ont décrit un sentiment de "vide", "sans émotions".
Ce syndrome était connu chez les femmes, mais comme le soulignent les chercheurs, aucune donnée ne recensait sa portée chez les hommes. Selon le professeur Schweitzer, "l'expérience sexuelle masculine peut être beaucoup plus variée et complexe qu'on ne le pensait auparavant". "Les trois premières phases du cycle de la réponse sexuelle humaine - l'excitation, le plateau et l'orgasme - ont fait l'objet de la majorité des études à ce jour", explique-t-il. "L'expérience de la phase de résolution reste un peu mystérieuse et donc mal comprise (...) On croit généralement que les hommes et les femmes éprouvent beaucoup d'émotions positives, y compris le contentement et la relaxation immédiatement après l'activité sexuelle", ce qui n'est pas toujours le cas.
Comment expliquer la dysphorie post-coïtale ?
"Nous supposons que les raisons sont multifactorielles, y compris dues à des facteurs biologiques et psychologiques", affirme le professeur Schweitzer. Les causes de la dysphorie post-coïtale restent en réalité mal connues - car trop peu étudiées - mais certains scientifiques pensent que les sentiments de tristesse et de regret chez l'homme résulteraient de la libération du sperme et de l’épuisement du corps après l’orgasme.
Le sexe nous rend vulnérable. Après un rapport sexuel, nous sommes souvent vidés, à nu et donc emprunts à ressentir des émotions négatives parfois refoulées, oubliées ou mises de côté. Les femmes, ou les hommes, ayant subi une agression sexuelle peuvent par exemple voir remonter ce douloureux souvenir une fois l'excitation passée. Plutôt que de se sentir bien, détendue, ou proche de son/sa partenaire, cette personne aura tendance à se renfermer, à se sentir mal et à s'éloigner de sa moitié.
"Il a été établi par exemple, que les couples qui discutent, s’embrassent et se câlinent après un rapport sexuel, ressentent une plus grande satisfaction sexuelle et relationnelle". Ainsi, cet état négatif peut potentiellement causer de la détresse au sein du couple et perturber les processus relationnels. Si cette sensation de malaise persiste après chaque rapport, il faudra envisager de consulter un médecin, un sexologue ou un psychologue pour en comprendre l'origine et entamer un traitement. Dans tous les cas, la dysphorie post-coïtale peut arriver à chacun d'entre nous. La communication, au moins avec son partenaire, reste la clé de la guérison.