Une peau plus lisse, un visage allongé, des yeux agrandis ou encore des lèvres pulpeuses : voici ce que proposent les filtres photo sur Snapchat ou Instagram. En un clic, l’application rend l’utilisateur "plus beau". Outre-Atlantique, certains adolescents souhaitent désormais que le virtuel prenne le pas sur la réalité. Des médecins américains s’alarment du nombre de patients qui souhaitent être opérés pour ressembler à ces filtres. Ils sont plusieurs à s’exprimer dans une tribune du Journal of the American Medical Association, relayée par le site Inverse.
We have three words for you:
— App Store (@AppStore) 6 avril 2018
New@Snapchat
Lenses.
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La dysmorphophobie
Les réseaux sociaux et la mode du selfie contribuent au développement de ce que certains appellent "le mal du siècle" : la dysmorphophobie. Il s’agit d’une altération de l’apparence, la personne atteinte est obsédée par ce qu’elle considère comme un ou plusieurs défauts, cela peut conduire à des troubles graves comme l’anorexie par exemple. Pour Neelam A. Vashi, dermatologue et signataire de la tribune, il existe des liens clairs entre ce trouble et l’utilisation des réseaux sociaux : "ces filtres et retouches sont devenus la norme, modifiant la perception qu’ont les gens de la beauté à travers le monde."
Des célébrités comme modèles à une version filtrée de soi-même
Auparavant, les retouches photo n’existaient que pour les célébrités et les mannequins, aujourd’hui tout le monde peut y avoir accès grâce à son smartphone. Le logiciel Facetune fonctionne sur un principe similaire au mondialement connu Photoshop : on peut y effectuer un nombre infini de retouches sur le corps et le visage. "Avant, les patients arrivaient en consultation avec des photos de célébrité pour leur ressembler, raconte la dermatologue. Un nouveau phénomène, appelé dysmorphophobie de Snapchat, conduit les patients à vouloir être une version filtrée d’eux-mêmes avec des lèvres plus pulpeuses, des yeux plus grands ou un nez plus fin".
Mais la médecin rappelle que ces filtres sur les réseaux sociaux ne correspondent pas à des standards réalistes : "Les filtres appliqués aux selfies font apparaître un physique inaccessible et amenuisent la frontière entre la réalité et le fantasme pour ces patients". Il est important que les médecins comprennent ce phénomène pour mieux conseiller leurs patients, en tenant compte de l’impact psychologique des réseaux sociaux sur l’estime de soi.
Les selfies, mauvais pour l’estime de soi ?
D’après une publication de l’américain Academy of Facial Plastic and Reconstructive Surgery, en 2017, 55% des chirurgiens esthétiques américains ont déjà reçu des patients qui voulaient se faire opérer pour être plus beau sur leur selfie, soit 13% de plus qu’en 2016.