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Santé publique

La pollution routière fait vieillir les reins de 4 ans

Par Mathias Germain

La pollution routière a des effets sur le cœur et les poumons mais aussi sur les reins. Les effets du  trafic routier entraînent une baisse de la fonction de filtration des reins.

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Vivre à proximité d'une route très fréquentée augmente le risque de développer des problèmes rénaux. Les médecins savent déjà que l'exposition à long terme aux gaz d'échappement augmente le risque de maladies vasculaires tels que les crises cardiaques et d'AVC ischémiques.
Mais une étude apporte un nouvel argument en faveur d’une réduction de ce type de pollution. En effet, des chercheurs américains, du Beth Israel Deaconess Medical Center à Boston, ont mis à jour un lien entre la pollution du trafic routier et une baisse de la fonction de filtration du rein.
Pour mettre à jour cette association, ils ont conduit une étude sur plus de 1100 personnes qui étaient hospitalisées pour un accident vasculaire cérébral. Premier élément intéressant : la moitié des patients victimes d'AVC dans l'étude vivait à moins de 1km d’une route à fort trafic dans la région métropolitaine de Boston, et les autres habitaient entre 1 km et 10 km…

Pour chacune de ces personnes hospitalisées, ils ont mesuré la fonction rénale en calculant le taux de filtration glomérulaire. Ce test est un indicateur de la façon dont les reins fonctionnent. Un faible taux de filtration glomérulaire indique des problèmes rénaux. Résultat des mesures : les patients qui habitaient le plus à proximité d'une route principale, avaient le plus faible taux de filtration glomérulaire, même après avoir pris en compte des facteurs tels que l'âge, le sexe, la race, le tabagisme et d'autres conditions médicales sous-jacentes.

Selon les chercheurs, la différence de taux de filtration glomérulaire entre les patients qui vivent le plus près et le plus loin de la pollution du trafic est comparable à un vieillissement de quatre ans. Autrement dit, le fait de vivre dans une forte pollution donne un coup de vieux de quatre ans à vos reins.

L’étude ne démontre pas que la pollution endommage directement le rein. Mais pour les auteurs, ce travail confirme de fortes suspicions. Ensuite, ils rappellent que l'importance de reins en bonne santé est souvent négligée par la population. « Beaucoup de gens ignorent le lien étroit entre les maladies cardiovasculaires et rénales, explique le Dr Murray Mittleman du Beth Israel Deaconess Medical Center à Boston. Or des problèmes avec le coeur conduisent souvent à des problèmes avec les reins, et vice versa... » Par exemple, la plupart des personnes ayant une maladie rénale ont une pression artérielle élevée, ce qui augmente le risque de maladie cardiaque. Et à l’inverse le traitement d’un problème cardiaque met souvent à rude épreuve la fonction rénale.

Ce travail mené par l’équipe de Boston donne de nouveau argument an faveur d’une réduction de la pollution atmosphérique. Déjà en février dernier, l’Institut de veille sanitaire rappelait que la pollution atmosphérique était responsable de 3000 décès par an en France. « La perte d’espérance de vie à cause de la pollution est désormais quantifiée. Les parisiens et les habitants de 8 autres grandes villes françaises perdent entre 8 et 12 mois de vie » expliquait le Dr Bernard Jomier, généraliste et élu écologiste dans le XIXe arrondissement de Paris. Or ce constat n’est pas une fatalité. Il a été démontré dans l’étude Aphekom, que la réduction des particules fines dans l’air pouvait faire gagner de l’esprance de vie.